Voici un extrait d'un article sur le zoo et le point de vue d'un directeur anglais: une suite de réflexions qui s'accordent bien à l'évolution de nos parcs et qui marquent le temps de certaines mutations…
« 80% des animaux détenus dans les zoos n’appartiennent pas à des espèces en voie de disparation. Un véritable défenseur de l’environnement et des animaux ne veut pas de zoos. Il y a toujours cet argument de l’éducation mais c’est un non-sens total. Il serait souhaitable que d’ici 20 à 30 ans les zoos disparaissent ou alors fassent un véritable travail de conservation en ne gardant que des animaux en voie de disparition.
Les zoos sont pris au piège car ils ont besoin d’avoir du public sinon ils font faillite, et le seul moyen d’attirer les gens est de proposer toute une variété d’animaux. Mais si les zoos s’occupaient à faire ce qu’il y a de mieux pour les animaux, et non pas ce qui est le mieux pour les visiteurs, ils seraient très différents. Ces spectacles d’animaux dans les zoos me rendent malade, pour moi un animal n’est pas là pour nous divertir. Nous sommes supposés être l’espèce intelligente, nous valons mieux que cette utilisation des animaux pour amuser nos enfants. Ce n’est pas juste. Nous devons reformater la mentalité du public et supprimer progressivement les zoos. Et le gouvernement a un rôle à jouer dans tout cela« .
Forum
Réflexion
22 messages
• Page 1 sur 2 • 1, 2
Re: Réflexion
Ce qu'il écrit là on l'a déja lu mille fois.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
- togare
- Messages: 276
- Enregistré le: Mardi 05 Janvier 2010 19:24
- Localisation: LYON
Re: Réflexion
Non, ce n'est pas nouveau, mais c'est un point de vue de l'intérieur et avec la direction que prennent nos plus grands parcs, c'est intéressant de constater le désaveu d'un pro. Quand aux 80% d'espèces "inutiles", même si c'est rabâché, ça ne fait guère évoluer les plans de collection…
- okapi
- Messages: 12061
- Enregistré le: Lundi 02 Juin 2008 19:02
Re: Réflexion
Deux petites questions à ce sujet :
- qui est donc ce directeur anglais : Damian Aspinall maybe ?
-
Ce 80 % concernerait donc le nombre de spécimens et non le nombre d'espèces ?
A ce sujet, si certaines espèces ne sont pas considérées comme menacées, certaines sous-espèces, elles, le sont...
- qui est donc ce directeur anglais : Damian Aspinall maybe ?
-
80% des animaux détenus dans les zoos n’appartiennent pas à des espèces en voie de disparition.
Ce 80 % concernerait donc le nombre de spécimens et non le nombre d'espèces ?
A ce sujet, si certaines espèces ne sont pas considérées comme menacées, certaines sous-espèces, elles, le sont...
Biofaune : l'actualité de la conservation in & ex situ : http://biofaune.canalblog.com - www.facebook.com/biofaune
- Philippe
- Messages: 11543
- Enregistré le: Lundi 29 Août 2005 16:06
Re: Réflexion
Oui, c'est Damian Espinall. Ce n'est pas stricto sensu le chiffre de 80% qui interpelle, mais l'écart entre la vacuité des parcs et les urgences. A quoi bon empiler dans des parcs urbains des girafes, des zèbres, des antilopes communes, des yacks, des autruches, des daims, des lamas, des dromadaires et j'en passe lorsqu'il y aurait des centaines de petites espèces à loger sur de petites surfaces.
Et quand un pro condamne les stratégies de développement d'autres pros, je pense qu'il y a un vrai malaise de fond…
Et quand un pro condamne les stratégies de développement d'autres pros, je pense qu'il y a un vrai malaise de fond…
- okapi
- Messages: 12061
- Enregistré le: Lundi 02 Juin 2008 19:02
Re: Réflexion
Oui mais ces espèces que tu cites Okapi, sont parfois menacées, C'est le cas des Zèbres, Yacks, Girafes, et certaines antilopes. A ceci près que le visiteur n'est pas regardant sur les sous espèces.
Alors faut il considérer les zoo comme des centres de reproduction, ou des lieux de visite, axés sur la pédagogie, et levant des fonds pour les programmes de conservation, au travers du loisir ?
Si centre de reproduction que faudrait il faire ? prélever des individus ?
Croyez vous sincèrement, que les Français accepteraient de voir leur impôts augmenter, et les zoos fermés pour compenser la perte de l'argent versée à la conservation par les zoo?
Alors faut il considérer les zoo comme des centres de reproduction, ou des lieux de visite, axés sur la pédagogie, et levant des fonds pour les programmes de conservation, au travers du loisir ?
Si centre de reproduction que faudrait il faire ? prélever des individus ?
Croyez vous sincèrement, que les Français accepteraient de voir leur impôts augmenter, et les zoos fermés pour compenser la perte de l'argent versée à la conservation par les zoo?
- bastet_75
- Messages: 1789
- Enregistré le: Jeudi 05 Décembre 2013 10:51
- Localisation: Ile de France
Re: Réflexion
Elever certaines espèces non menacées ne peut-il permettre de sensibiliser le public aux menaces pesant sur les écosystèmes où survivent les congénères sauvages de ces animaux a priori inutiles dans les zoos ? L'argument est souvent mis en avant par les parcs (forcément !) mais n'est-il pas -en partie- recevable ?
Tiens, prenons l'exemple des rennes qui viennent tout juste de rejoindre Paira Daiza en cette fin de semaine. Ces cinq spécimens appartiennent aux 80 % dénoncés par Damian Aspinall, l'espèce étant classée en préoccupation mineure par l'UICN. Faut-il pour autant récuser sa présence au sein d'institutions zoologiques à ce seul motif ?
Présenter cette espèce très connotée émotionnellement ne favorise-t-il la prise de conscience par les visiteurs de la menace provoquée par les changements climatiques sur l'écosystème du renne ? A chacun sans doute sa réponse...
Bien sûr, si on pense que oui, cela passe obligatoirement par une présentation conçue en fonction du projet pédagogique ayant conduit le parc à accueillir des rennes. Et par le refus d'un simple enclos supplémentaire dont la seule fonction serait d'allonger la visite ou de proposer une nouveauté parce qu'il en faut une !
Moins que le statut de l'espèce, c'est ici la nature du projet zoologique qui me semble important. Or celui-ci est souvent secondaire et éclipsé par les enjeux commerciaux. C'est aussi là que réside, à mon sens, le malaise.
Tiens, prenons l'exemple des rennes qui viennent tout juste de rejoindre Paira Daiza en cette fin de semaine. Ces cinq spécimens appartiennent aux 80 % dénoncés par Damian Aspinall, l'espèce étant classée en préoccupation mineure par l'UICN. Faut-il pour autant récuser sa présence au sein d'institutions zoologiques à ce seul motif ?
Présenter cette espèce très connotée émotionnellement ne favorise-t-il la prise de conscience par les visiteurs de la menace provoquée par les changements climatiques sur l'écosystème du renne ? A chacun sans doute sa réponse...
Bien sûr, si on pense que oui, cela passe obligatoirement par une présentation conçue en fonction du projet pédagogique ayant conduit le parc à accueillir des rennes. Et par le refus d'un simple enclos supplémentaire dont la seule fonction serait d'allonger la visite ou de proposer une nouveauté parce qu'il en faut une !
Moins que le statut de l'espèce, c'est ici la nature du projet zoologique qui me semble important. Or celui-ci est souvent secondaire et éclipsé par les enjeux commerciaux. C'est aussi là que réside, à mon sens, le malaise.
Biofaune : l'actualité de la conservation in & ex situ : http://biofaune.canalblog.com - www.facebook.com/biofaune
- Philippe
- Messages: 11543
- Enregistré le: Lundi 29 Août 2005 16:06
Re: Réflexion
Certes, mais on peut aussi construire un dispositif pédagogique de sensibilisation à partir d'espèces menacées. Nous savons tous que la présence d'espèces "inutiles" est motivée essentiellement par le remplissage d'enclos. Les yacks, les dromadaires, les rennes, les daims, les autruches, les émeus, les wallabies, les lamas et tant d'autres sont là parce qu'ils sont "exotiques", résistants, faciles à obtenir et qu'ils "font" zoo. Si on commençait par évacuer ces espèces de quelques uns de nos parcs et qu'on installe à la place quelques dizaines d'espèces plus fragilisées, on ferait déjà un pas en avant. Mais il faudrait aussi commencer par construire un discours sur la présence et la nécessité de ces animaux au bord de l'extinction dans le contexte du zoo, un vrai travail de fond et de médiation pour faire accepter au visiteur de découvrir autre chose que ce qu'il s'attend à voir.
- okapi
- Messages: 12061
- Enregistré le: Lundi 02 Juin 2008 19:02
Re: Réflexion
La première étape serait déjà de concevoir de vrais dispositifs pédagogiques... Ils restent rares !
Biofaune : l'actualité de la conservation in & ex situ : http://biofaune.canalblog.com - www.facebook.com/biofaune
- Philippe
- Messages: 11543
- Enregistré le: Lundi 29 Août 2005 16:06
Re: Réflexion
J'ai beaucoup de mal avec ces discours très virulents et négatifs de la part même d'une personne de la profession.
Au lieu de se lamenter sur les faits désolants que l'on connaît tous, qui donne du grain à moudre aux anti zoos, je crois bien plus aux vertus d'un discours positiviste qui encouragerait et mettrait en valeur et en lumière ceux qui sortent du lot. Car il est bien beau de dire ce qui ne va pas, mais prouver par l'exemple qu'une autre voie est possible, n'est ce pas mieux ?
Au lieu de se lamenter sur les faits désolants que l'on connaît tous, qui donne du grain à moudre aux anti zoos, je crois bien plus aux vertus d'un discours positiviste qui encouragerait et mettrait en valeur et en lumière ceux qui sortent du lot. Car il est bien beau de dire ce qui ne va pas, mais prouver par l'exemple qu'une autre voie est possible, n'est ce pas mieux ?
Les animaux des zoos sont les ambassadeurs de leurs cousins sauvages. (Pierre Gay)
- raphaël
- Messages: 7204
- Enregistré le: Mercredi 10 Août 2005 15:24
- Localisation: gironde
Re: Réflexion
Si on valorise une poignée de parcs, on condamne les autres. Maintenant que le mal est fait, que le territoire est balisé par trop de parcs privés, il vaut mieux taper fort et juste pour contraindre à évoluer les plus mauvais ou les moins concernés, les obliger à changer leurs stratégies, les forcer à s'améliorer y compris sous la menace de campagnes sévères et d'amendes conséquentes que d'encenser les meilleurs élèves qui n'en ont guère besoin.
- okapi
- Messages: 12061
- Enregistré le: Lundi 02 Juin 2008 19:02
Re: Réflexion
Et ce directeur anglais fait combien en % sur tous les directeurs de zoo européens ?
Ce genre de discours revient une nouvelle fois à conclure que l'Homme, cet être si intelligent et tout puissant, décide quelle espèce doit profiter de l'intérêt ou pas...
Puis dans quelques années, ce seront celles qu'on a délaissé qu'il faudra alors "sauver".
Néanmoins, je suis d'accord sur l'inutilité des shows et toute forme de tripotage dans les zoos mais malheureusement, cette tendance prend le dessus... pour divertir les visiteurs.
La spirale d'aller toujours plus loin dans le sensationnel de masse.
Certainement parce qu'on assimile encore les zoos à des parcs d'attraction.
Sur ce point, il y aurait matière à rectifier le tir !
Ce genre de discours revient une nouvelle fois à conclure que l'Homme, cet être si intelligent et tout puissant, décide quelle espèce doit profiter de l'intérêt ou pas...
Puis dans quelques années, ce seront celles qu'on a délaissé qu'il faudra alors "sauver".
Néanmoins, je suis d'accord sur l'inutilité des shows et toute forme de tripotage dans les zoos mais malheureusement, cette tendance prend le dessus... pour divertir les visiteurs.
La spirale d'aller toujours plus loin dans le sensationnel de masse.
Certainement parce qu'on assimile encore les zoos à des parcs d'attraction.
Sur ce point, il y aurait matière à rectifier le tir !
-
éric13 - Messages: 1366
- Enregistré le: Lundi 10 Septembre 2012 22:18
Re: Réflexion
C'est tout de même bien cette estimation de 80 % qui interpelle. Au-delà de l'éventuelle confusion entre nombre de spécimens et nombre d'espèces, il serait intéressant de savoir précisément sur quelles données s'appuie Damian Aspinall. Parce que, comme le relève Eric, le statut de certaines espèces aujourd'hui classées comme peu préoccupantes risque malheureusement d'être revu. Faute d'un nombre de spécimens suffisants, la sauvegarde ex-situ deviendra alors délicate, difficile voire illusoire.
Par conséquent, cette notion d'espèces "non menacées" doit être maniée avec prudence... Il me semble qu'il convient ici d'éviter de généraliser et préférable d'étudier chaque cas à part.
Après, estimer que certaines espèces domestiques (comme le yak très souvent cité dans cette discussion) "prennent la place" d'espèces menacées, est aussi un vrai sujet de débats sachant que certains coordinateurs ont toutes les peines du monde à placer des animaux appartenant aux espèces aujourd'hui menacées.
Pour reprendre l'exemple du yak souvent cité, faut-il pour autant 'interdire" ou admettre sa présence de la "variété" domestique au motif que les animaux de parcs zoologiques sont aussi "les ambassadeurs de leurs cousins sauvages" et que le yak sauvage est considéré comme menacée avec le statut d'espèce vulnérable ?
Par conséquent, cette notion d'espèces "non menacées" doit être maniée avec prudence... Il me semble qu'il convient ici d'éviter de généraliser et préférable d'étudier chaque cas à part.
Après, estimer que certaines espèces domestiques (comme le yak très souvent cité dans cette discussion) "prennent la place" d'espèces menacées, est aussi un vrai sujet de débats sachant que certains coordinateurs ont toutes les peines du monde à placer des animaux appartenant aux espèces aujourd'hui menacées.
Pour reprendre l'exemple du yak souvent cité, faut-il pour autant 'interdire" ou admettre sa présence de la "variété" domestique au motif que les animaux de parcs zoologiques sont aussi "les ambassadeurs de leurs cousins sauvages" et que le yak sauvage est considéré comme menacée avec le statut d'espèce vulnérable ?
Biofaune : l'actualité de la conservation in & ex situ : http://biofaune.canalblog.com - www.facebook.com/biofaune
- Philippe
- Messages: 11543
- Enregistré le: Lundi 29 Août 2005 16:06
Re: Réflexion
Juste un petit détail qui mérite aussi réflexion.
Abritant sauf erreur de ma part le siège de la Fondation Aspinall, le zoo de Port-Lympne héberge notamment des suricates (Suricata suricatta), espèce qui n'est pas considérée aujourd'hui comme menacée par l'UICN et qui compte souvent, au sein de chaque parc qui en héberge, un nombre certain de pensionnaires...
Le parc britannique que connaît bien Damian Aspinall accueille également d'autres espèces susceptibles d'appartenir à ces "80%", du python vert à l'autruche en passant par l'éland, le caméléon casqué du Yémen ou encore l'apelle.
Bref, si les propos provocateurs ont la vertu de réveiller les consciences et de faire évoluer les situations, il convient parfois de les prendre avec un peu de recul.
Abritant sauf erreur de ma part le siège de la Fondation Aspinall, le zoo de Port-Lympne héberge notamment des suricates (Suricata suricatta), espèce qui n'est pas considérée aujourd'hui comme menacée par l'UICN et qui compte souvent, au sein de chaque parc qui en héberge, un nombre certain de pensionnaires...
Le parc britannique que connaît bien Damian Aspinall accueille également d'autres espèces susceptibles d'appartenir à ces "80%", du python vert à l'autruche en passant par l'éland, le caméléon casqué du Yémen ou encore l'apelle.
Bref, si les propos provocateurs ont la vertu de réveiller les consciences et de faire évoluer les situations, il convient parfois de les prendre avec un peu de recul.
Biofaune : l'actualité de la conservation in & ex situ : http://biofaune.canalblog.com - www.facebook.com/biofaune
- Philippe
- Messages: 11543
- Enregistré le: Lundi 29 Août 2005 16:06
Re: Réflexion
Je pense qu'il faudrait un peu relativiser cette notion d'ambassadeur qui est en train de devenir une tarte à la crème des pros-zoos, surtout pour ceux qui ont des choses à se faire reprocher… Mettre des yacks domestiques dans un enclos à côté d'autruches et de wallabies d'élevage, ce n'est pas en faire des "ambassadeurs" de la faune sauvage, c'est remplir des enclos pour faire zoo. Ne serait-ce que parce que cette notion d'ambassadeur n'est partagée que par les zoos eux-mêmes face aux médias. Le visiteur, il n'a aucune idée de ce que ça signifie, et ce n'est pas un panneau posé au coin de l'enclos, que personne ne va lire, qui va permettre de valider le concept auprès du plus grand nombre… C'est juste une façon de se payer de mots pour s'auréoler encore un peu des vertus de sa mission, mais, franchement, les tigres blancs, ils sont les ambassadeurs de quoi?
- okapi
- Messages: 12061
- Enregistré le: Lundi 02 Juin 2008 19:02
22 messages
• Page 1 sur 2 • 1, 2
Retourner vers Discussions générales
Qui est en ligne
Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 35 invités