Selon une étude danoise publiée en décembre 2013 dans la revue scientifique PLOS ONE, le travail de conservation mené par les zoos du monde entier reste trop aléatoire et les ressources allouées à la sauvegarde des espèces en voie de disparition pourraient être mieux utilisées. Pour les chercheurs de l'Université du Danemark du Sud, les établissements zoologiques doivent aujourd’hui repenser leurs « collections ».
Dans leur article intitulé « Les zoos à travers le prisme de la Liste rouge de l'UICN : approche globale des métapopulations pour soutenir les programmes d'élevage de conservation », les écologues Dalia A. Conde, Owen Jones et Fernando Colchero estiment que « la prévalence des espèces menacées dans les zoos ne reflète pas toujours la réalité des menaces dans la nature ».
Tortues et marsupiaux carnivores (Dasyuromorphia) seraient ainsi surreprésentés en captivité. Pour la plupart des autres ordres, la présence d'espèces menacées dans les parcs relèverait davantage de l’opportunisme que d'un projet clairement établi. Les amphibiens, les mammifères insectivores (Eulipotyphyla) et les rongeurs (Rodentia) menacés seraient, eux, globalement sous-représentés dans les zoos. Seulement la moitié (92 sur 201) des espèces menacées de mammifères y seraient élevées. Et d’après les chercheurs, pas une seule des 84 espèces menacées de mammifères insectivores ne serait hébergée au sein des zoos.
En outre, si les collections des parcs animaliers font souvent la part belle aux oiseaux, peu de volatiles appartenant à des espèces menacées seraient de fait élevés dans les institutions zoologiques. Au final, pour 57 des 59 ordres d'animaux présents dans les zoos, la proportion des espèces menacées serait inférieure par rapport à la nature !
Le revers des lois de protection
Pour Dalia A. Conde, les saisies d’animaux victimes du trafic et de la contrebande expliquent en partie le nombre élevé de tortues menacées dans les zoos. Quant aux marsupiaux, ils bénéficieraient de la politique des parcs australiens soucieux d’informer leurs visiteurs sur les dangers menaçant la faune locale.
Par ailleurs, les auteurs de cette étude mettent en avant les contraintes auxquelles sont confrontés les zoos pour échanger certains individus, non seulement à cause des distances parfois considérables séparant les parcs mais aussi de la législation internationale. L’article mentionne notamment les difficultés rencontrées par les zoos pour obtenir certaines autorisations de transport. « La loi est efficace contre le trafic mais empêche les zoos d'échanger des animaux en voie de disparition, assure Dalia A. Conde. C'est un obstacle majeur pour la mise en œuvre de certains programmes d'élevage d'espèces en voie de disparition. »
Soulignant le bien-fondé des programmes menés à une échelle « régionale » comme la nécessité d’un réseau de surveillance mondial à l’image d’ISIS (International Species Information System), l’étude suggère que chaque zoo devrait se concentrer sur un nombre réduit d’espèces menacées pour lesquelles il contribuerait à dynamiser les efforts de conservation.
« Les programme d'élevage en captivité constituent davantage un outil qu’un objectif de conservation, » estiment les chercheurs, soulignant que « l'objectif premier demeure la sauvegarde des habitats des espèces et de l'ensemble des écosystèmes ».
Les scientifiques danois insistent toutefois sur la pertinence des programmes conduits par les zoos qui ont permis, selon l'Union internationale de conservation de la nature, de réduire les menaces planant sur 20 % des 68 espèces aujourd’hui moins menacées par le spectre de l’extinction.
Source : http://biofaune.canalblog.com/archives/ ... 64795.html