Cet été, Le Télégramme vous fait découvrir l'envers du décor des établissements de vos vacances. Et c'est aujourd'hui le zoo de Pont-Scorff qui nous ouvre ses portes. Immersion dans la vie des soigneurs animaliers du parc.
Il est 7 h 30, les premiers soigneurs font leur arrivée. Ines et Marion s'occupent des trois éléphants et du rhinocéros noir du parc. « Nous commençons par nettoyer les enclos et préparer le petit-déjeuner » explique Marion. Étape suivante : le training médical. « Nous entraînons les animaux à se laisser examiner et soigner », précise Nicolas Châtelain, le directeur marketing et ancien soigneur. « Ça évite tout stress à l'animal.»
Avec un simple geste de la main, Ines attire l'attention de Ghandi, la matriarche de 50 ans. Le pachyderme s'approche de la soigneuse et lui donne son sabot. Celle-ci peut alors l'examiner. « Il faut bien prendre soin de leurs pieds, c'est une des parties les plus importantes de leur corps » indique Ines.
« 80 % de nettoyage 20 % de tendresse »
L'heure est venue de sortir les animaux. Ines donne le signal à Marion qui, elle, ouvre la porte du hangar. Les mastodontes sortent un à un. Tous les animaux sont sortis. Place au ménage. « Contrairement à ce que beaucoup de gens peuvent penser, nous passons plus de temps à nettoyer qu'à passer des moments de complicité avec les animaux », confient les soigneuses.
L'après-midi, les professionnels consacrent leur temps à préparer le goûter et la nourriture du soir, à aménager les enclos et à fabriquer des enrichissements.
« Ce sont des objets que nous transformons en jouets pour occuper les animaux. Quand c'est pour les singes ou les lémuriens, ce n'est pas trop compliqué car ils sont petits, mais quand c'est pour les éléphants, il faut mettre au point des choses plus grandes. Et c'est souvent très physique, comme lorsqu'on réaménage les enclos pour améliorer leur confort. On a souvent mal au dos le soir. Être soigneur, ce n'est pas seulement faire des câlins », révèle Marion.
Un travail à plein-temps
« C'est un métier de passion. On ne compte pas ses heures. On travaille 365 jours par an. Si un animal est malade ou doit accoucher, nous restons sur place. Il y a un appartement qui nous est réservé pour dormir si besoin. Les soigneurs présents au petit-déjeuner le disent tous : « nous avons choisi ce métier car nous nous sentons plus proches des animaux que des humains. »
« Un animal ne vous décevra jamais, alors qu'un humain... » livre Ines. « Nous devons aussi sacrifier une part de notre vie de famille », ajoute Ludwig, le soigneur des herbivores et responsable de la partie nord du zoo.
« Nous aimerions passer plus de temps avec nos enfants, mais ce n'est pas possible. Des fois, nous arrivons à nous demander s'il ne vaudrait pas mieux changer de métier, mais on se rend vite compte que rien d'autre ne nous plaira. Nous sommes habités par ce travail. Notre but premier est de rendre la vie des animaux plus belle et de faire en sorte qu'ils soient le plus heureux possible. »
« L'homme fait partie de la nature »
Autre point sur lequel les professionnels sont unanimes : le comportement de certains visiteurs. « Il arrive que les gens râlent car les animaux ne sont pas de sortie... Ils tapent sur les fenêtres et se disent en colère. Mais ici, les animaux font ce qu'ils veulent. Nous ne leur mettons pas de la nourriture supplémentaire dans leur enclos pour que les visiteurs puissent les prendre en photo. Ils doivent comprendre que les animaux ont le droit de dormir, et de rester au chaud s'ils ont froid. Cependant, les critiques sont bonnes à prendre. Elles nous permettent de réfléchir à des moyens de concilier l'attente des visiteurs et les besoins des animaux. C'est ce que nous avons essayé de faire lors de " La nuit des animaux ". Pendant quelques jours, le zoo était ouvert jusqu'à 2 h du matin. Nous avons pu prendre le temps d'échanger avec les visiteurs et leur expliquer le mode de vie des différentes espèces. »
Source :
Le Télégramme.
