le Berrichon Alain Compost prépare un film pour ses quarante ans passés en Indonésie. Il garde de la famille dans le Berry et c’est une Vierzonnaise qui l’a inspiré pour sa fromagerie qu’il gère en parallèle.
«A Jakarta, on trouve des fromages français hors de prix. Alors, j'ai essayé d'en faire chez moi, au début, en achetant du lait de chèvre de mon voisin. J'ai été inspiré par une amie, Muriel, qui a une fromagerie à Vierzon. J'ai maintenant une dizaine de chèvres, je fais des cendrés et des crottins. »
De la fabrication de fromages à la réalisation d'un film engagé pour 2015
Voici comment le savoir-faire vierzonnais d'une fromagère est partagé dans des faisselles en bambou, aujourd'hui jusqu'en Indonésie, grâce à… un photographe animalier. Alain Compost a passé son enfance à Poisieux, où vit toujours sa mère de quatre-vingt-quatre ans, Jacqueline, avec qui il garde un lien grâce à Internet, comme avec sa soeur, Annie, à Vierzon, son fils à Orléans (Loiret) et sa fille à Hong Kong (Chine).
Quand Alain aura une production de lait stable dans sa petite fromagerie artisanale au-dessus de Bogor (Java), il commencera à faire des fromages régulièrement pour les vendre. Des crottins qui font déjà le bonheur de quelques Français de Bali et Jakarta. « Tout le monde est tombé sous le charme de ses fromages improbables sous l'équateur », assure même Sophie Roth, l'épouse de l'ambassadeur de France en Indonésie. Ces derniers sont devenus ses amis, ceux de sa femme indonésienne et de ses deux autres enfants. S'il bichonne ses chèvres avec autant d'amour que la fromagère du chemin des Péages, tous ces compliments ne sont pas étonnants.
Mais Alain Compost devra composer avec une année déjà bien chargée en projets. En effet, l'ex-Berrichon est aussi photographe et vidéaste animalier depuis quarante ans en Indonésie. Il souhaite réaliser un documentaire et un livre sur les évolutions qui ont conduit le pays vers « une vibrante nation moderne ».
Il s'agira d'« une aventure de six mois environ, d'un voyage dans la nature et dans le temps », à bord de la moto qu'il compte s'acheter et du peu de matériel qu'il pourra emmener. L'occasion de prendre le temps de remercier et de retrouver si possible tous ceux qu'il a croisés pendant ses précédents tournages, il y a quelques mois ou plusieurs dizaines d'années.
La démarche est, aussi, militante. « Je veux montrer comment la vie a changé, comment les habitants et les animaux ont dû s'adapter à la déforestation, aux plantations d'huile de palme… » Alain Compost est tombé amoureux de ces îles peuplées de peuples traditionnels et d'animaux rarissimes, en 1975.
Jeune, il a toujours été attiré par l'Afrique. Mais là-bas, « j'avais moins de chance de revenir avec des choses qui n'avaient jamais été faites », rappelle celui qui a toujours voulu travailler avec les animaux. D'abord soigneur au zoo de Vincennes pendant sept ans, il préférait aider les visiteurs à prendre de belles photos plutôt qu'à regarder « tous ces animaux en cage ». Après avoir travaillé pendant un an pour Yann Arthus-Bertrand lorsque celui-ci était directeur du zoo de Saint-Augustin, dans l'Allier (fermé depuis 2002), le photographe est d'abord parti neuf mois en Indonésie. « À mon retour, mes photos étaient déjà publiées dans Paris match. Je suis de suite retourné là-bas. »
Recherche d'une chaîne de télévision
Le nouvel Indonésien a travaillé pendant six ans pour une fondation environnementale qui faisait de l'éducation dans les écoles avant de devenir freelance pour des ONG (*) et des émissions télévisées, dont le magazine Ushuaia. Très vite, il a touché à la caméra pour pouvoir continuer à vivre de sa passion. Cette semaine encore, il partait suivre une femelle orang-outan relâchée dans la nature, au nord de Sumatra, pour une chaîne allemande. Sans cesser de penser à la réalisation de son documentaire, pour lequel il doit trouver une chaîne de télévision qui lui accorderait les fonds nécessaires pour 2015.
Source : Le Berry Républicain.