Commerce animalier...

[okapi]

La réalité du monde zoologique, elle deviendra ce qu'une réglementation rigide et intransigeante en fera! Il va falloir accepter l'idée que les zoos sont des entreprises comme les autres qui ne sont absolument pas comme les autres! Détenir des animaux vivants ne peut pas être un business comme un autre: la responsabilité des zoos est immense vis-à-vis de la planète comme des hommes. La tolérance doit être inexistante et il n'y aura jamais aucune fierté à contourner les lois et les règles: non, le zoo n'est pas un espace d'impunité et oui, nous avons tous l'obligation d'être exigeants envers les parcs que nous visitons. Y compris jusqu'à la plainte et la contestation.

[bastet_75]

Je suis plutôt d'accord avec toi, les dérives existent parce qu'on les laisse exister.

Le système actuel, s'il poursuit ses dérives finira par se nécroser. Lorsque l'on touche au vivant, et surtout à des individus rares à fort taux de consanguinité, la perte de chaque individu est une perte lourde. ça repousse toujours un peu plus la "possible" (archi hypothétique jusqu'ici dans beaucoup de cas hélas) sortie du tunnel pour ces espèces menacées. Il faut savoir faire un peu le calcul : des populations vieillissantes, ou une population à fort taux de consanguinité, les échanges inter-continents apportant du sang neuf ne sont pas si courants, et le prélèvement dans le milieu naturel est à exclure catégoriquement . Après un tel constat on ne peux qu'avoir envie de pleurer en lisant que des Sumatras ou des Panthères de l'Amour trainent on ne sait où, par négligence.

[JACO]

Je reviens sur un tard dans la conversation: je vais essayer de résumer mon propos en étayant les votres...
Les EEP sont gérées par des organismes qui sont libres ou non d'accepter leur "membre", bien souvent après paiement de leur cotisation...
Les zoos ou parcs privés qui n'intéressent pas les asso comme l'EAZA est, ne sont pas gérés. Mais pour autant, l'EAZA ou tout autre n'a pas le droit de dire si il fera soleil ou pas sur ce zoo! Pour en avoir contrôle, je pense que tous les zoos devraient avoir accès à cela... Je ne suis pas un zoo, mais mon exemple reflète je pense... Ce n'était pas l'EAZA... mais j'ai demandé de devenir membre, pour plusieurs raisons: la première, je reste passionné de ce milieu et je suis toujours assoiffé de connaissances. La seconde, pouvoir justement tenir un parallèle entre mon travail et celui des assos... J'ai été catégoriquement "interdit de séjour" car je ne suis pas un zoo renommé.
Pourtant, je pourrai, à vue du nombre d'animaux que je transite, prévenir les EEP de tel ou tel animal. De même, je pourrai savoir si j'achète un animal inscrit ou non en EEP (et dans quel cas le zoo ne devrait théoriquement pas me vendre...)
Rien de tout cela n'a été possible.

Vous parlez de droit de préemption... Elles l'ont bien souvent cette possibilité! Par mon expérience, j'ai acheté un couple de panthère des neiges tout à fait légalement en Angleterre, avec l'entièreté des documents tout à fait conformes. Les EEP ont été prévenues de ce mouvement et n'ont pas apprécié ne pas obtenir les animaux... Sauf que... le premier qui a été sollicité au rachat de ces animaux lorsque le zoo a fermé a bien été le coordinateur de cette espèce! Celui ci a refusé l'achat... Soit! Mais cela a été son choix et les prendre de force constitue un vol...

Les programmes font entrer les animaux qu'ils souhaitent, il est toujours possible à n'importe quel zoo de "donner" des animaux à l'EEP. Les droits d'entrée ne sont pourtant pas gratuits! Soit... Chacun voit midi à sa porte et cela ne me choque ma fois pas...
Mais les programmes refusent aussi des animaux, même purs, s'ils ne sont pas intégrés dans des zoos qui en font partie! Je comprends tout à fait que la personne qui a un animal intéressant (panthère des neiges par exemple), n'ait pas envie de les intégrer dans les programmes puisqu'on refuse d'inscrire son parc dans un programme, et donc que ses animaux lui seront retirés sans merci pour les placer chez un "pote" qui lui fera partie de l'assos!

En cas de naissance, et j'ai plusieurs exemple en tête, le coordinateur de l'EEP a le droit de ne pas inscrire la progéniture... simplement parce que pas de place pour eux... Mais il est difficile de voir ses animaux partir chez des personnes hors EEP. Les EEP demandent alors l'euthanasie... (Justement le cas médiatique de la girafe de Copenhague!) Qu'ils ne veuillent pas de l'animal, ils en ont le droit, mais cela devient complètement absurde... Ils gèrent ou ne gèrent pas! Car en sélectionnant les animaux qu'ils veulent, cela s'apelle un supermarché (et donc un commerce)... Et beaucoup de collections privées ou hors EEP pourraient recevoir ces animaux tout à fait légalement... mais non, cela ne se fait pas...
J'ai certains programmes qui me demandent d'envoyer des animaux sortis des EEP loin de l'Europe, pour éviter les soucis médiatiques et entendre que leur asso parle plus qu'elle ne fait, ou encore d'autres qui me demandent de gérer tel ou tel mouvement d'animaux, et me rémunèrent pour faire ce travail!

Je ne suis pas le meilleur et en tout cas je n'aurai jamais la prétention de dire que j'ai les meilleures méthodes...Mais je pense que dans ce système médiatisé, "politisé", (...), ils oublient eux aussi de dire qu'ils ne peuvent pas controler le monde... Et à avoir voulu se donner l'image que les visiteurs ont voulu entendre ou voir, ou tout est rose, c'est bien l'anarchie dans beaucoup d'EEP!
Pour reprendre mon exemple de panthère des neiges, bien sur qu'il me semblait intéressant de les placer dans des programmes qui permettraient de ne pas perdre ces précieux sujets... Les EEP en ont voulu autrement...
J'ai 1000 exemples de ce style...

[raphaël]

C'est bien, d'acheter des panthères des neiges. Chapeau.

[JACO]

La question n'est pas savoir si c'est bien ou pas... Par contre, est ce un soucis qu'elles ne soient actuellement pas dans un zoo membre EAZA ou autre, ou est ce bien qu'elles soient actuellement en reproduction dans un parc qui ne se visite d'ailleurs pas? Est ce que la notion de prix change quelque chose dans le devenir de ces animaux?

[Dips]

La notion de prix change dans le comportement des humains envers ces animaux... Se mettre à acheter les animaux en EEP et on verrai petit à petit fleurir des "animaleries" pour espèces menacées...

[JACO]

Vous n'entrez pas gratuitement et de loin dans les eep... Pour moi c'est juste détourner les termes... Mais vous payez pour avoir un animal...
Ces animaleries du vivant existent... Et c'est même d'ailleurs pour les faire exister que la mention de commerce autorisée pour ces espèces protégées existe sur les cic...
Mais nous avons déjà parle de tout cela bien au dessus dans le débat.
La plus grande animalerie s'appelle l'EAZA, tout simplement...

[Philippe]

Julien,
Je ne pense pas que l'adhésion à une structure comme l'EAZA soit franchement comparable à un acte d'achat d'animal(aux) entre particuliers et qu'il s'agisse en substance d'un simple "détournement de termes".
En effet, dans un cas l'argent versé va dans la poche d'un particulier libre d'en faire ce que bon lui semble, dans l'autre il contribue au budget d'une structure qui, malgré ses imperfections, oeuvre pour la sauvegarde des espèces menacées à travers ses campagnes (Southeast Asia, Pole to Pole), ses publications, le financement de programmes de recherches et/ou de sauvegarde ex comme in situ ou encore la tenue de colloques et autres workshops.
Par ailleurs, vous évoquez un peu plus haut le refus catégorique qui vous a été adressé lorsque vous avez souhaité rejoindre une structure que vous ne nommez pas. Mais ce refus vous a-t-il été signifié parce que vous n'étiez pas un "zoo renommé" ou parce que vous n'étiez simplement pas un "zoo" ?
Enfin, concernant le droit de préemption, celui-ci ne saurait jouer, me semble-t-il, qu'au moment de la vente et non a posteriori. D'autre part, quel article de loi mentionne l'éventualité d'une préemption dans le cas d'une vente légale d'animaux, fussent-ils menacés ? Et dans ce cas, qui est le préempteur ? L'Etat ? Et alors à la demande de quelle instance ou de quelle personne morale ?
Merci d'avance.

[bastet_75]

Il ne faut pas forcément être un zoo pour être membre de l'EAZA - Des parcs d'élevages ou certains particuliers passionnés en font partie.

Maintenant, avaient ils des facilités, je l'ignore .

[raphaël]

le souci, c'est qu'il existe un réseau entre tous les zoos participant au Programme d'Elevage, qui permet de connaitre la généalogie et le parcours de chaque animal.
Quand des animaux sortent du réseau, ou vivent hors du réseau et se vendent (horreur...) entre "particuliers", la vision à large échelle de la généalogie se perd. L'animal a des papiers, il est dans la loi, mais rien ne dit que l'autre panthère achetée par les mêmes "particuliers" pour faire un couple ne sera pas sa cousine, que reproduit un éleveur privé je ne sais où.

Dans les années 70-80, chaque zoo faisait sa tambouille de son côté. génétiquement, c'est désastreux. Heureusement, maintenant ils ont une vision plus globale. Ce n'est pas le cas de tout le monde... Bien sûr que ces panthères des neiges auraient dû être récupérées par l'EAZA, et sans compensation financière. C'est une des espèces de mammifères les plus en danger au monde dont on parle. Les questions de valeur monétaire ou de propriété ne devraient même pas exister.

[JACO]

Et bien que les programmes ne favorisent pas leurs intérêts à ne couvrir que leurs membres, mais qu'ils acceptent de couvrir l'entièreté de la population de l'espèce en question! Je ne suis pas contre leurs principes loin de la! Je connais plusieurs personnes qui détiennent une collection privée, et qui ne demanderaient pas mieux de participer aux programmes, simplement par passion! Une chose que je trouve tout à fait abbérant... L'amateur qui possède une collection privé est passionné par ses animaux et n'en tire aucun profit. Lui, s'il veut un animal il doit l'acheter, et personne ne l'aidera à l'entretenir. Par contre, le zoo ou toute autre institution professionnelle a une nécéssité de rentabilité pour faire tourner la boutique, et à lui, on donne les animaux... Et bien souvent les collections privées sont bien plus belles que les parcs zoologiques! Le particulier n'abattrait jamais le petit d'un de ces animaux, fruits de tant de labeur et d'heures de travail de passionné... Même s'il y perd de l'argent en le gardant chez lui... Une fois de plus je suis dans ce cas... j'élève mes chameaux et dromadaires à perte, mais pour rien au monde je ne les ferai euthanasier pour qu'ils cessent directement de me couter de l'argent...
Quant à la question d'argent... déjà approché plus haut dans le débat... Je n'ai pas inventé le monde, le monde est basé sur l'argent... Celui qui paiera ses animaux respectera au moins l'investissement qu'il vient de faire... Pour reprendre l'exemple de Copenhague, eux n'ont pas payé leurs girafes, rien ne les a donc empêché de l'abattre... elle ne coutait rien...

[raphaël]

Il y a là plusieurs façons de penser qui ne peuuvent décidément pas se comprendre.
Je ne vois pas le plaisir d'accumuler et d'élever des animaux "chez soi", pour avoir des animaux "à soi". Je n'ai jamais eu d'animal de compagnie, et que quelqu'un ait des dromadaires, des chameaux ou des panthères sur sa propriété privée, et les élève, comme on fait pousser, parce que c'est joli ou sympa, ça me dépasse.

[JACO]

Ca ne se discute pas, c'est une passion comme une autre... Passion qui devrait normalement habiter tous les zoos... Mais je ne peux comprendre qu'un passionné fasse abattre un bébé girafe (désolé, je base tous mes exemples la dessus... mais je trouve vraiment cela scandaleux... abattu pour ne pas ébranler le réseau... râté!)

[okapi]

Mais Raphaël, c'est le principe fondateur de la plupart des zoos français! De Jacques Bouillault à Pierre Thivillon, de Claude Caillé à Louis Gay! C'est le plaisir d'avoir des animaux à soi, de les élever, de les voir grandir: lis la littérature autour de ce phénomène de possession, même Durrell et sans doute Emmanuel Mouton ont décidé de créer leur zoo, portés par une grande idée, certes, mais très heureux de vivre aux côtés de leurs bêtes. C'est dans le cas des parcs créés par des sociétés d'investissement qu'il faut chercher le détachement, mais tous les autres, c'est franchement pour posséder "son" zoo et réaliser, plus ou moins confusément, un rêve de gosse…

[raphaël]

Ca ne se discute pas

Excellent comme argumentaire.
ça se discute, si, car il s'agit d'êtres vivants. Bien sûr que les zoos français des années 60 à 80 ont démarré sur ce but, mais désormais, au moins pour les animaux en Programme d'Elevage, l'animal appartient au Programme concernant son espèce, et son devenir est lié à celui de sa population captive, et à la situation de l'espèce dans la Nature, pas au vouloir de son propriétaire. Durrell n'était pas un grand fan de la notion de "possession" d'un animal. Et lorsqu'il créait une station d'élevage d'une espèce dans son zoo, c'était avec une finalité déjà établie, souvent en partenariat avec le Gouvernement du pays d'origine. Qu'est ce qui passionne les éleveurs privés, la fierté de voir un bébé naitre dans son enclos, de le faire atteindre l'âge adulte, et de recommencer pour le prochain ?
C'est un peu limité comme finalité.