Les 4 par 3 de retour ...

[okapi]

Bon, ça pose surtout le sens d'une affiche: est-ce que vraiment le public vient visiter le zoo après avoir vu une affiche? Dans le cas de Besançon, je crois que c'est davantage une piqure de rappel qu'une incitation à venir de l'autre bout de la France ou de l'Europe. Elle joue sur l'esthétisation de l'animal, inséré dans un message, sur un fond neutre, mais l'ensemble est surtout élégant: esthétique, message, élégant, toutes notions souvent très loin du concept de zoo... Par association d'idées, finalement, ça doit fonctionner.

[Antoine6259]

Encore une fois : Tout dépend de l'affiche.
Mais il est évident que les affiches que je vois chaque année sur la route de mes vacances ont pour but d'attirer les gens de passage qui ne savaient même pas qu'il y avait un zoo dans le coin. Déjà ce sont toujours des affiches de zoos privés, et avec un message et une illustration qui ne demandent pas réflexion. Un exemple clair que j'ai en tête : Un ours polaire dans l'eau "Venez voir les géants de l'Arctique au ZOO DE LA FLÈCHE"...

[okapi]

Même pour attirer le gros public de l'été, il doit y avoir plus subtil que ça à faire, mais je suis d'accord avec toi, les zoos urbains et les parcs ruraux n'ont pas les mêmes objectifs en terme d'impact visuel. L'affiche des pandas de Beauval dans le métro parisien est franchement hideuse: si on reste sur nos positions et le clivage urbain/rural, elle risque de manquer sa cible à Paris... Mais je n'aime pas cette différenciation des publics que les zoos opèrent parfois : comme si le visiteur de la ville était plus malin que le visiteur de la campagne... Pour moi, les affiches de zoos "ruraux" ont autant d'esprit que celles pour Surcouf autrefois...

[Antoine6259]

Je pense que ce n'est pas une différence de visiteur, mais une différence de contexte dans lequel l'affiche va être vue.
Les affiches urbaines sont souvent dans des lieux où les gens les lisent car ils patientent (abris de bus, métro, gares...) donc si l'affiche les intrigue, ils prendront le temps de réfléchir. J'ai en mémoire des affiches pour Nausicaa à Lille, où l'on voyait des dessins humoristiques d'un singe et d'un éléphant qui se déguisaient en poissons.
Les affiches "rurales" sont quasiment toujours destinées aux gens en voiture. Ces gens sont concentrés sur leur route, n'ont ni l'envie, ni le temps de chercher à déchiffrer un message, il faut quelque chose qui saute aux yeux. Surtout qu'en plus, les destinataires sont aussi souvent les enfants qui s'agitent à l'arrière. On leur met une affiche comme celle de Besançon, ils croiront voir un énième pub avec un animal en photo...

[okapi]

Je veux croire que tu as tort...

[Vinch]

Je pense fortement qu'Antoine n'a pas tort, bien au contraire, il a raison !

[okapi]

C'est bien ça le problème... Evidemment qu'il a raison, mais c'est triste... Ces affiches sont en contradiction avec l'idée d'outil culturel que le zoo devrait suggérer. L'affiche, c'est la bande annonce: si celle-ci ne vous plaît pas, vous n'irez pas voir le film... Vous attendrez, éventuellement, qu'il passe à la télévision... L'affiche doit interpeller et donner envie, mais elle doit aussi associer désir et produit: transformer tous les avions d'Air France, les bus et les tramways de l'hexagone en forêts de bambous pendant une semaine, puis y ajouter des yeux pendant une autre semaine et finalement y insérer deux pandas pour une troisième semaine, voilà qui aurait vidé les villes pour remplir Beauval... Mais évidemment, il aurait fallu vendre le parc pour se l'offrir...

[Vinch]

Le jour où, en France, les visiteurs et, surtout, les dirigeants de parc zoologiques, associeront automatiquement les zoos à un outil culturel, alors un très grand pas en avant aura été fait.

Mais d'une manière générale, ça n'en prend pas encore vraiment le sens à l'heure actuelle. On préfère toujours le sensationnel des pandas, le dépaysement des "plaines africaines", l'amusement des spectacles d'otaries...

Pensez-vous vraiment que le vacancier moyen vient payer 18€ 50 (Doué; La Flèche) ou plus, 24 € (ZooParc de Beauval) pour faire autre chose que de se détendre ?

24 € = 168 Francs ... ça devient vraiment très cher de se détendre...

[Antoine6259]

Le jour où, en France, les visiteurs et, surtout, les dirigeants de parc zoologiques, associeront automatiquement les zoos à un outil culturel, alors un très grand pas en avant aura été fait.
Mais d'une manière générale, ça n'en prend pas encore vraiment le sens à l'heure actuelle. On préfère toujours le sensationnel des pandas, le dépaysement des "plaines africaines", l'amusement des spectacles d'otaries...

Dans les zoos publics, je pense sincèrement que cela se met peu à peu en place. Dans les parcs privés en revanche, on doit trouver à boire et à manger...

Pensez-vous vraiment que le vacancier moyen vient payer 18€ 50 (Doué; La Flèche) ou plus, 24 € (ZooParc de Beauval) pour faire autre chose que de se détendre ?

Tu as tout à fait raison. Et on a même fait une enquête à Lille, et on s'est rendu compte d'un truc "intéressant" en demandant aux gens pourquoi ils venaient au parc. La réponse qui arrive en tête en gros c'est pour se balader (et sous-entendu pour sortir les enfants), la deuxième c'est pour profiter du cadre (en gros se mettre au vert en oubliant la ville et les voitures) et le fait de voir des animaux n'arrive qu'en troisième position.

24 € = 168 Francs ... ça devient vraiment très cher de se détendre...

C'est un autre débat... Mais c'est évident... Et pour certains, je me demande même jusqu'où ils espèrent aller.

[raphaël]

Les gens sont près à mettre beaucoup d'argent pour se détendre...
Combien coûte un weekend à Disney ou au Parc Astérix ? Combien coûte une soirée au stade de foot ?
Les gros zoos sont finalement au même niveau que le reste.

[Vinch]

Tu as tout à fait raison, Raphaël, et je dirais même que les gros zoos auraient tort de se priver d'augmenter leurs tarifs, tant qu'il y aura du monde à raquer cher pour se détendre...

C'est malheureux, non ?

Récemment, durant ces vacances de Pâques, je me suis fait deux réserves naturelles, pour observer des cistudes, des oiseaux, etc... Et ça, c'est vraiment de la détente et ce n'est pas cher du tout... Pas d'attractions, pas de pandas, pas de tigres blancs, pas de musique intempestive de supermarché... Bref, le vrai bonheur !

[okapi]

C'est l'enjeu des hôtels près des parcs: favoriser la "rétention" de visiteurs, un peu comme pour les parcs d'attraction. Le zoo, même à 24 euros reste encore le moins cher, ne serait-ce que parce que les tentations des produits dérivés sont moins nombreuses... Les infrastructures des parcs publics sont en général minables et la pédagogie rarement aussi développée que dans les parcs étrangers. Pour les parcs privés, nourriture acceptable et zoo sont pour la plupart antinomiques et la pédagogie... Entendons-nous: un panneau sur la grille, ce n'est pas de la pédagogie. Les sites d'interprétation, s'ils ne sont pas accompagnés ne servent à rien. Il faut des relais, des bénévoles impliqués, des animateurs et une conscience du message et de la manière de le faire passer. Résumons: malbouffe, panneaux synthétiques, allées vides de sens, c'est clair, outil culturel et zoo ne sont pas synonymes...

[maxime]

Besançon. Et soudain, la polémique éclata. En cause : une affiche de la Citadelle de Besançon destinée à promouvoir un week-end placé sous le signe de la protection des espèces en danger, relayant une campagne de l’Association européenne des zoos et aquariums.

On y voit « Tahima », un jeune lémurien femelle de l’espèce des propithèques couronnés, née au muséum de Besançon en décembre 2008, effectuer un bond gracieux. L’image, sur fond immaculé, est accompagnée de ce slogan : « Droit d’asile ! »

L’argument n’a pas fait que s’entrechoquer les mots mais aussi les idées. Passons outre un message comparant le maire de Besançon à « Le Pen », père ou fille, c’est Europe Écologie-Les Verts (EELV) qui a ouvert le bal des critiques. Dénonçant « les risques de l’humour », les écologistes stigmatisent le procédé qui « établit un parallèle entre les singes et les demandeurs d’asile, plutôt mal venu dans le contexte social et électoral actuel », où « le droit d’asile devient une politique de non droit ». EELV se laisse aller à la facétie en s’inquiétant de ce que cette campagne « ne soit suivie d’une autre intitulée ‘’droit au logement’’, dans laquelle on verrait une famille de lions d’Afrique occupant son petit pavillon chauffé »…

La violence des réactions a surpris les gestionnaires de la Citadelle. Si Jean-Louis Fousseret, président de l’établissement public « Citadelle patrimoine de l’Unesco », n‘a pas souhaité intervenir, Jean-François Girard, président délégué, a défendu la campagne : « Cet amalgame est incroyable. Asile est le synonyme d’abri, de défense, d’oasis, de havre, de refuge, de sanctuaire… Et c’est exactement ce sens noble de sanctuaire que nous avons voulu donner à notre action au muséum. Cette publicité est pleine de symboles. Nous n’avons pas de droits supérieurs aux animaux. Bien sûr, on peut tout détourner dans cette période électorale exacerbée. »

Pour Philippe Mathieu, le directeur du site, « nous sommes dans la sensibilisation sur les dangers extrêmes qui pèsent sur la biodiversité. Ce slogan est à la hauteur de l’enjeu. Il n’y a pas d’humour ni de sens péjoratif à y voir, car il s’agit d’un thème grave. Ces lémuriens qui bénéficient d’un asile à la Citadelle, vivent à moins d’un millier d’individus dans la nature. Dix-huit sont confiés à des parcs dans le monde, dont quatre en France et deux à Besançon. Est-ce que cela prête à rire ? »

Quant au conservateur du muséum, Gérard Galliot, il évacue la polémique dans un soupir : « Les phrases peuvent être tournées dans tous les sens, c’est du Queneau ! »

Source : http://www.estrepublicain.fr/actualite/ ... a-discorde

[raphaël]

Europe écologie ne devrait pas plutôt soutenir les démarches telles que celles-ci ?

[okapi]

Quand ces crétins comprendront que protéger la biodiversité, c'est protéger les hommes et qu'offrir le droit d'asile à des espèces fragiles ça n'est pas de l'humour mais une extension du domaine de la lutte, on aura fait un grand pas!