Article Zooquaria 2011

Article Zooquaria 2011

Messagepar Therabu » Samedi 04 Juin 2011 10:34

La revue trimestrielle de l'EAZA, Zooquaria est récemment parue sur le site internet de l'EAZA. A l'intérieur on peut voir en page 24, un article extrémement intéressant. La philosophie et la politique pronée dans cet article est pleine de bon sens en matiére de conservation. C'est pour cela que j'ai traduit l'article afin de le rendre accesible au plus grand nombre. Si seulement plus de parcs fançais ou même européens pouvaient être influencées par cette doctrine :roll:
J'adhére totalement au concept ici illustrée "d'espéce ultime de zoo".
La traduction vaut ce qu'elle vaut et n'est pas parfaitement littérale mais retranscrit l'opinion des auteurs, ce qui reste le principal.

"On entend quelque fois parler des derniers quaggas, thylacines, tigres de Caspienne ou pigeons voyageurs ayant vécu dans les zoos. On peut se dire « Si ces especes auraient survécu quelques décennies de plus, peut être que les zoos n'auraient pas permis qu'elles disparaissent de la Terre ». Les jardins zoologiques auraient surement établi un Studbook et un EEP jusqu'à ce que le moment soit venu pour la réintroduction. L'aurions nous vraiment fait ?
Peut être dans le cas du tigre de la Caspienne...
Mais jugeons peut être aussi par rapport aux résultats basés sur le cas de la colombe socorro, une proche parente du pigeon voyageur mais heuresement encore en vie grâce aux efforts de quelques aviculteurs particuliers et d'une poignée de zoos car il se trouve dans la catégorie « eteint dans la nature ».
Certaines especes classées dans cette catégorie comme le condor de Californie, l'oryx d'Arabie ou le bison d'Europe sont parmi nos plus grandes réussites. Mais le cas de la cas de la colombe socorro est différent. Malgré que ce soit un joli petit oiseau, l'espece est ce que certains observateurs appellent un « LBB », un Little Brown Bird. L'oiseau n'est donc malheuresement pas « tendance » dans les zoos. Peut être est ce du au moyen de contention nécessaire, des petites cages de reproduction occupées par un seul couple, sachant qu'il ne faut pas une mais plusieurs voliéres.
Ainsi malgré les efforts de l'EEP, la population est trop petite et est déjà passé par plusieurs goulets d'étranglement génétique. Moins de 100 oiseaux sont inscrits au programme, et à chaque génération, la diversité génétique s'amenuise. La bureaucratie mexicaine ralentie la réintroduction future de l'oiseau. Le jour où les obstacles politiques seront écartés, la population ne sera plus génétiquement satisfaisante cat trop peu de zoos ont assumé leur rôle et élever « cette espece de zoo ultime ».
L'histoire du faisan d'Edwards est similaire. Bien que pas encore classé dans les catégories en danger critique ou même en danger par l'UICN, Jonathan Eames, responsable de l'Indochine à Birdlife, a fait remarquer qu'il s'inquiétait de l'absence de documents récents évoquant une observation en milieu naturel. D'autres font remarquer que les efforts d'enquêtes ont été insuffisants pour refléter le risque d'extinction des espèces. Pour cette raison, une enquête est sur le point d'être mise en place mais encore aucun résultat n'est encore disponible. Nous devrions donc prendre le plus de soin possible des faisans d'Edwards captifs, par simple principe de précaution. A cause de nombreuses négligences, les faisans d'Edwards ont traversé de nombreux goulets d'étranglements dans leur histoire captive comme les colombes socorros. Hormis en Europe, où un EEP a été créé et confié à Alain Hennache de Cléres, cette négligence continue dans toutes les autres régions d'associations de zoos et favorise une disparition du patrimoine génétique de la population. La destruction de nombreuses faisanderies et la baisse d'interêt pour les galliformes de la part des zoos menace la survie à long terme des faisans d'Edwards en captivité alors que les perspectives de sa surve en milieu naturel sont troubles.
Une autre espèce vietnamienne endémique, le cerf pseudaxis est fortement menacé. Un nombre croissant de têtes est détenu à des fins commerciales et hybridé avec d'autres taxons. Ces animaux n'ont aucune valeur en matiére de conservation du cerf sika du Vietnam. Heuresement un important cheptel de 400 bétes , qui va de plus en croissant, est détenu par les menbres de l'EAZA. Il s'agit de la seule population captive viable dans le monde car la population américaine, issue des importations européénnes est en voie de disparition à cause du désinterêt manifesté par les institutions de la région nord américaine pour les différentes espèces de cerfs. Il faut d'ailleurs tirer la sonette d'alarme sur le risque qui pése sur une espéce dés qu'une institution « championne », experte dans l'élevage de ce taxon peu répandu se retire et ainsi annuler des décennies d'efforts de conservation ex-situ.
Bien que la situation des cerfs sika du Vietnam soit meilleure que celle des colombes socorro ou des faisans d'Edwards, leur avenir n'est pas garanti. On ne sait pas si la réintroduction dans le milieu d'origine serait possible dans son ancienne aire de répartition et si l'interêt manifesté pour cette espéce est suffisant.
La tortue des étangs à cou rouge fait partie de la demi douzaine (au moins) d'espéces de tortues sud asiatiques supposées être éteintes à l'état sauvage malgré qu'elle soit « seulement » classée en danger critique d'extinction. Le probléme est que les catégories « Eteint » et « Eteint dans la nature » ne sont utilisées que quand on a la certitude qu'aucun animal ne survit. Or les relevés sont souvent insuffisants pour de nombreuses espéces non-charismatiques comme cette tortue. Ainsi les espéces détenues en captivité mal connues dans la nature et classées comme menacées ou « Data defficient» devraient également être considérées comme des « espéces de zoos ultimes ». Une importante population fondatrice de tortues à cou rouge vit à Münster et sa gestion n'est pas des plus difficile en captivité, mais les zoos manquent d'interêt pour cet animal. Seul trois établissements se sont intéressé pour détenir la descendance de ces tortues de Münster. C'est pourquoi l'élevage de cette espéce est temporairement stoppé malgré le fait qu'avec une population de seulement 40 individus la survie de la population captive n'est pas du tout assurée.
D'autres exemples pourraient être ajoutés. Le rétablissement de certaines espéces en captivité peut échouer en raison du manque de population fondatrice ou d'interdiction bureaucratique de déplacement/importation des animaux. Cela est hors du ressort des espaces zoologiques. Nous n'avons cependant aucune excuse de laisser tomber et s'éroder des populations d'animaux comme cela s'est déjà passé alors qu'elles sont gravement menacées et que leur maintenance n'est pas trop couteuse et que nous savons les élever. Devrions nous ajouter « Négligée » comme nouvelle catégorie de menace à coté du braconnage ou de la déforstation ? L'an prochain, la campagne EAZA sur les grands animaux asiatiques menacés mettra en évidence de nombreuses espéces méconnues et au bord de l'extinction, qui court le risque de disparaître sans que personne ne s'en aperçoive. Comme la distinction entre petites et grosses espéces s'établit au delà d'un kilogramme, deux des espéces ici mentionnées, le cerf sika du Vietnam et le faisan d'Edwards sont concernés par le thême de la campagne.
Bien que certaines des plus menacées des espéces concernées ne soient pas détenues en captivité n'importe où, je défie les services marketing non pas de choisir les espéces bien connues et appréciées du grand public, mais de vendre des efforts de conservation et d'éducation à propos de ces espéces méconnues et proches de l'extinction en milieu naturel. Certes selon le bon sens les colombes socorro sont moins passionantes que le gorille ou des espéces plus colorées, plus grosses ou plus dangereuses... Mais des études montrent que l'attention du public se concentre pas sur « les attentes standards » mais sur des animaux moins connus comme le fossa. Malgré qu'il soit le plus grand carnivore de Madagascar, il reste à l'échelle mondiale un petit carnivore brun et terne. Un matériel de communication et d'éducation bien conçu suffit pourtant à maintenir l'attention du public pour toutes les espéces car chacune a quelque chose de fascinant à raconter."

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Re: Article Zooquaria 2011

Messagepar okapi » Samedi 04 Juin 2011 13:09

Rien de bien nouveau, hélas, sous le soleil: Durrell disait et écrivait, sans relâche, exactement la même chose... Jersey a été son moyen de tenter de répondre à cet "aveuglement" commercial des parcs... Un zèbre plutôt qu'un oiseau rare, une autruche plutôt qu'un reptile précieux, un crocodile plutôt qu'un insecte rare...
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