Les hommes s'entichent du croco, malgré son prix
En sacs et chaussures, en vestes et blousons, le croco - malgré son prix - fait le siège du vestiaire masculin (ici, le défilé Hermès à Paris lors de la présentation des collections automne-hiver 2007-2008).
Le crocodile, le vrai, fait le siège du vestiaire masculin. Blousons, sacs, chaussures, la précieuse peau de reptile est très présente, cet hiver, dans les boutiques de luxe de prêt-à-porter pour hommes. Hermès propose un blouson mat bleu tempête composé de sept peaux. D'une souplesse inouïe, grâce à des passages répétés au foulon, une machine servant à assouplir les cuirs, cette pièce rare a nécessité quarante heures de labeur.
Ce n'est pas la première fois que Véronique Nichanian travaille le croco au masculin. La créatrice des lignes homme pour la maison du Faubourg-Saint-Honoré avait, il y a une dizaine d'années, coupé des gilets dans ce cuir précieux. Opération répétée en 2006 avec un blouson rouge sang. Ces pièces rares rencontrent un succès croissant, et ce malgré leur prix astronomique : 57 000 euros pour le modèle de l'hiver.
Déjà en 1982, Zilli avait osé un premier blouson en croco. La marque lyonnaise de vêtements d'homme grand luxe travaille essentiellement des vêtements "outdoor", faits pour le grand air. Ses blousons, vestes et trois-quarts sont vendus autour de 90 000 euros pièce.
Chez Louis Vuitton, l'autre grand maroquinier français, chaque défilé de mode présente des pièces d'exception. Lors de la présentation de la collection masculine automne-hiver 2007-2008, deux sacs en alligator ont fait l'événement : le mini Grimaud et un porte-documents en forme de cabas, de couleur miel en léger dégradé. La peau d'alligator est utilisée par Vuitton sur une paire de baskets vert cru, pour un "streetwear" version grand luxe. Comme elle habille de blanc une cave à whisky aux ferrures en laiton contenant verres et flacons de cristal.
C'est dans la maroquinerie, bien sûr, que le crocodile trouve toute sa place. Mais son utilisation ne se limite plus aux ceintures et aux portefeuilles de nos pères et grands-pères. "C'est une vraie matière masculine, sensuelle et merveilleuse, qui s'assouplit au bout de deux ou trois mois", constate Marc Lelandais. Le président de Lancel annonce l'arrivée d'une série de petits bagages en croco : sac week-end, "navy bag".., après la commercialisation, dès le mois de novembre, d'un porte-document. Cette série limitée, vendue 4 500 euros pièce, sera déclinée en trois coloris, dont un vert aux surpiqûres orange, très mode.
Les créateurs italiens de prêt-à-porter masculin font leur miel de cette "vogue reptilienne". Le duo Dolce & Gabbana lance une ligne de sacs pour hommes en croco noir brillant, faits sur mesure, à la commande. Le crocodile reste une des matières fétiches de Roberto Cavalli, qui le travaille en ceintures et sacs à boucle, vendus jusqu'à... 10 625 euros.
Chez Ferragamo, qui l'utilise depuis toujours, le croco est teinté en rouge pour un sac week-end (21 000 euros) ou utilisé plus traditionnellement pour des ceintures ou des chaussures, comme ces mocassins d'un profond bordeaux (4 400 euros). La peau du reptile devrait être particulièrement présente dans la prochaine collection hiver 2009, qui sera dévoilée à Milan en janvier 2008.
Pour tempérer les prix, le mélange des cuirs est d'actualité. Chez Bally, le mocassin Sulano marie croco et autruche. Testoni associe croco et iguane ou croco et cuir pour ses modèles derbys. Une façon de réduire le coût : 2 490 euros pour le tout-reptile, 610 euros pour la version mixte cuir-croco.
Car, même si le crocodile est de moins en moins chassé et de plus en plus élevé, sa peau reste chère. Les créateurs, qui affirment tous respecter la convention de Washington sur les espèces menacées, se fournissent essentiellement dans des fermes : en Australie et en Papouasie-Nouvelle-Guinée chez Hermès, en Argentine ou en Afrique du Sud, pour Lancel. "Le crocodile sauvage est devenu marginal", estime Marc Lelandais, président de Lancel.
