Thoiry : Virginie murmure à l’oreille des éléphants
SERIE 1/6. Le parc zoologique de Thoiry (Yvelines) abrite plusieurs centaines d’espèces d’animaux : lions, rhinocéros, ours, girafes… Toute la semaine nous vous proposons de partir à la rencontre de celles et ceux qui veillent sur le bien-être de ces grandes ou petites bêtes.
« Non l’autre pied, Benny ! Allez, la queue Benny. La queue ! » Du haut de ses presque quatre mètres Benny s’exécute et tend la bonne patte à son soigneur. Comme un chien bien dressé. Il n’est pas donné à tout le monde de dialoguer, au réveil, avec un éléphant d’Afrique. Et pourtant, c’est le métier de Virginie Mazurier. Il faut la voir dans l’enclos des éléphants, à leur parler, à lancer des pommes au mâle de cinq tonnes pour le féliciter, pour comprendre qu’elle exerce une profession à part. « C’est physique, c’est dur. Mais je ne ferais rien d’autre. Ici, je suis épanouie », confie Virginie.
Chaque matin, ce petit bout de femme se frotte aux pachydermes qui d’un coup de trompe peuvent la fracasser contre un mur. Il lui faut retirer la corne coincée dans ses pattes, nettoyer son box, vérifier qu’il va bien, aider les vétérinaires en cas d’analyses et déposer chaque jour 220 kg de foin sur l’île où ils résident.
Elle « biberonne » aussi depuis huit ans et pour 1.300 € nets d’autres animaux comme les phacochères, les hippopotames, les bisons… Mais c’est avec les éléphants que le contact est particulier. « Ils sont intelligents, ont un vrai caractère et parfois, quand ils sont de mauvaise humeur, on doit faire plus attention. Mais on s’attache vraiment, dit-elle. Il y a deux ans, l’une des femelles est décédée et je suis rentrée spécialement de congé maternité pour l’accompagner dans sa maladie. A sa mort, j’ai pleuré, le deuil a duré assez longtemps. »
Les animaux, petits ou grands, ne sont pas la seule préoccupation de Virginie. Il lui faut aussi avoir un œil vigilant sur d’autres spécimens tout aussi imprévisibles : les visiteurs dont quelques-uns donnent des sueurs froides au personnel. « Certains descendent de voiture au milieu des animaux, les nourrissent. Une fois, nous avons même surpris une femme qui essayait d’attraper la trompe d’un éléphant, oubliant que c’est un danger mortel », souffle la jeune maman, résignée face à tant d’inconscience.

Virginie Mazurier est soigneur au zoo de Thoiry et s’occupe, entre autres, des éléphants avec lesquelles une relation spéciale s’est nouée au fil du temps.
Source :
Le Parisien.