Les métiers du zoo de Thoiry

Les métiers du zoo de Thoiry

Messagepar Philippe » Dimanche 24 Avril 2016 18:17

Thoiry : Virginie murmure à l’oreille des éléphants

SERIE 1/6. Le parc zoologique de Thoiry (Yvelines) abrite plusieurs centaines d’espèces d’animaux : lions, rhinocéros, ours, girafes… Toute la semaine nous vous proposons de partir à la rencontre de celles et ceux qui veillent sur le bien-être de ces grandes ou petites bêtes.

« Non l’autre pied, Benny ! Allez, la queue Benny. La queue ! » Du haut de ses presque quatre mètres Benny s’exécute et tend la bonne patte à son soigneur. Comme un chien bien dressé. Il n’est pas donné à tout le monde de dialoguer, au réveil, avec un éléphant d’Afrique. Et pourtant, c’est le métier de Virginie Mazurier. Il faut la voir dans l’enclos des éléphants, à leur parler, à lancer des pommes au mâle de cinq tonnes pour le féliciter, pour comprendre qu’elle exerce une profession à part. « C’est physique, c’est dur. Mais je ne ferais rien d’autre. Ici, je suis épanouie », confie Virginie.

Chaque matin, ce petit bout de femme se frotte aux pachydermes qui d’un coup de trompe peuvent la fracasser contre un mur. Il lui faut retirer la corne coincée dans ses pattes, nettoyer son box, vérifier qu’il va bien, aider les vétérinaires en cas d’analyses et déposer chaque jour 220 kg de foin sur l’île où ils résident.

Elle « biberonne » aussi depuis huit ans et pour 1.300 € nets d’autres animaux comme les phacochères, les hippopotames, les bisons… Mais c’est avec les éléphants que le contact est particulier. « Ils sont intelligents, ont un vrai caractère et parfois, quand ils sont de mauvaise humeur, on doit faire plus attention. Mais on s’attache vraiment, dit-elle. Il y a deux ans, l’une des femelles est décédée et je suis rentrée spécialement de congé maternité pour l’accompagner dans sa maladie. A sa mort, j’ai pleuré, le deuil a duré assez longtemps. »

Les animaux, petits ou grands, ne sont pas la seule préoccupation de Virginie. Il lui faut aussi avoir un œil vigilant sur d’autres spécimens tout aussi imprévisibles : les visiteurs dont quelques-uns donnent des sueurs froides au personnel. « Certains descendent de voiture au milieu des animaux, les nourrissent. Une fois, nous avons même surpris une femme qui essayait d’attraper la trompe d’un éléphant, oubliant que c’est un danger mortel », souffle la jeune maman, résignée face à tant d’inconscience.

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Virginie Mazurier est soigneur au zoo de Thoiry et s’occupe, entre autres, des éléphants avec lesquelles une relation spéciale s’est nouée au fil du temps.
Source : Le Parisien.
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Re: Les métiers du zoo de Thoiry

Messagepar Philippe » Lundi 25 Avril 2016 17:01

Gilles cuisine pour les animaux du zoo de Thoiry

C’est le cuistot des animaux, le cuisinier des bêtes, petites ou grandes. Gilles Tournier embauche tous les matins à 7 heures. Pas de temps à perdre : les pensionnaires ont faim et sont très exigeants sur la ponctualité de leur déjeuner.

Dans son local situé un peu en retrait du parc à pied, le magasinier-nutritionniste débite des lapins frais pour les guépards en prenant soin de retirer la peau. « Il s’agit d’éviter les diarrhées, car ils sont fragiles », explique Gilles, 56 ans. Les lapins sont coupés en deux pour être plus digestes.

On sort de cette cuisine pour s’approcher de palettes sur lesquelles sont disposés des seaux. Au-dessus de chacune d’entre elles figure la quantité exacte de nourriture à distribuer. Les rhinocéros ont ainsi droit à 1 kg de pommes chacun. A un autre animal, on a exceptionnellement ajouté « trois carottes » pour égayer son quotidien. « Tous les repas sont validés en amont par les vétérinaires qui définissent les quantités à distribuer », ajoute Gilles, qui a travaillé au CNRS puis comme visiteur médical avant d’atterrir « par hasard » à Thoiry pour 1.600 € mensuels.

Dans ce « Rungis » animalier, tous les régimes sont représentés. Sur les étagères des frigos, des poulets, des carcasses de bœufs attendent d’être dévorées par les lions et les tigres. On trouve aussi des fruits de mer, du poisson pour les loutres ; des souris mortes pour les autres… Dans une autre chambre froide, des cagettes de fruits, issus des invendus de supermarché, sont destinées aux petits singes.

Gilles change de salle, sort une balance de précision et de petits bols. Le voici concentré sur les repas des lémuriens, des suricates et autres tamarins. Pour les premiers, il épluche… 32 g de banane, enlève les morceaux sombres puis prépare 68 g de pommes. Les repas sont d’une précision incroyable. Ce n’est pas le seul soin apporté : « Pour les lémuriens, on lave les fruits à l’eau potable, sourit Gilles. Les pommes sont nettoyées et séchées, j’enlève aussi les grains et les queues. Parfois, je goûte en cas de doute. »

Les déjeuners préparés, les soigneurs emporteront la précieuse denrée pour les animaux qui, en s’empiffrant avec joie, n’auront même pas une pensée pour Gilles, le cuisinier si méticuleux de l’ombre.

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Gilles Tournier prépare chaque jour les repas d’une grande partie des mille pensionnaires du zoo.

Source : Le Parisien.
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Re: Les métiers du zoo de Thoiry

Messagepar NathanGil » Lundi 25 Avril 2016 17:13

Merci de l'avoir partagé Philippe ! :)
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Messagepar abel » Lundi 25 Avril 2016 17:32

Merci Philippe :wink: !
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Re: Les métiers du zoo de Thoiry

Messagepar Philippe » Mardi 26 Avril 2016 16:51

Thoiry : Marie soigne les bobos des animaux du zoo

« Depuis toute petite je rêve de soigner des animaux sauvages et exotiques. » Depuis bientôt deux ans, Marie Simon est l’une des deux vétérinaires du zoo de Thoiry. « J’ai des journées très remplies. Dès le matin, je fais la tournée de la réserve africaine et du parc à pied pour contrôler l’évolution de certains animaux convalescents et faire le point avec les soigneurs sur ce qui s’est passé pendant la nuit. »

Ce matin-là, Marie doit aller contrôler une brebis qui a subi un décollement de l’utérus après avoir mis bas quelques jours auparavant. « Je fais surtout de la bobologie des animaux qui se blessent après des bagarres mais je traite aussi les animaux contre les parasites et les pathologies infectieuses. » Autres missions : assurer le suivi sanitaire et nutritionnel des animaux, mais aussi gérer les échanges d’animaux avec d’autres parcs animaliers en tant que curatrice des primates et des oiseaux.

« Nous avons vacciné tous nos oiseaux contre la grippe aviaire », précise la jeune femme, qui n’a pas suivi de formation particulière à la faune sauvage en école vétérinaire. « On apprend beaucoup sur le tas, avec des grands modèles. Pour soigner les félins, on s’inspire de ce que l’on a appris sur les chats ; pour les éléphants, les rhinocéros et les hippopotames, je me sers de ce que j’ai appris sur les vaches. » Un travail qui nécessite parfois de jouer au chat et à la souris avec les animaux. « Les antilopes reconnaissent très bien notre voiture et nous fuient quand nous venons avec notre fusil hypodermique pour les anesthésier », s’amuse la vétérinaire. Au prix parfois de quelques émotions fortes. « Quand on anesthésie un zèbre ou un lion avec le chef animalier, c’est forcément un petit peu stressant, même si on a suivi le protocole. ».

Deux années de soins émaillés de quelques beaux souvenirs. « Un jour, j’ai prescrit un traitement antibiotique à une ourse à lunettes qui n’arrivait pas à se reproduire avec le mâle en raison d’une infection de son appareil reproducteur. Nous pensions que nous devrions attendre un an de plus mais un matin, un soigneur a découvert un petit ourson dans l’enclos. » Mais d’autres missions moins joyeuses font aussi partie de ses attributions. « Nous devons également réaliser les autopsies des animaux décédés et parfois euthanasier les vieux animaux : c’est la pire partie de la profession. Pendant ces dissections, je retrouve souvent des bâtons de sucette et des bouchons de compote des clients dans l’estomac des animaux », déplore Marie.

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Alpagas mais aussi oiseaux, primates, félins et pachydermes… Marie Simon, une des deux vétérinaires du zoo soigne au quotidien les blessures et les maladies de tous les animaux du parc.
Source : Le Parisien.
Si le quotidien francilien donne les salaires de la soigneuse et du cuisinier, celui de la vétérinaire n'est pas indiqué. Ce serait pourtant intéressant, notamment par comparaison avec le salaire moyen d'un véto libéral débutant.
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Re: Les métiers du zoo de Thoiry

Messagepar Philippe » Jeudi 28 Avril 2016 5:17

Thoiry : Filipe travaille en coulisses pour faire tourner le zoo

« Au zoo de Thoiry on travaille avec du vivant à quatre pattes mais aussi avec du vivant à deux pattes ! » C’est avec une légère pointe d’humour que Filipe Martins évoque les 400.000 visiteurs annuels du zoo de Thoiry, dont il est le responsable technique.

Depuis plus de quinze ans, il s’assure en coulisses du bon fonctionnement du parc, tant pour le bien être des animaux que celui du personnel et des visiteurs.

« Je peux aussi bien avoir à faire changer le pneu crevé d’un pick-up du parc que le câble servant à lever le panier d’alimentation des girafes, ou encore faire réparer la porte de l’enclos des éléphants après qu’un mâle en rut a tapé dessus parce qu’il y avait une femelle de l’autre côté », confie, un brin amusé, ce fils de soigneur animalier. « Je commence ma journée en lisant les rapports animaliers pour savoir s’il y a eu des incidents durant la nuit. On essaie de régler le maximum de problèmes le matin, avant l’arrivée des visiteurs. »

Sous ses ordres, une équipe de six personnes : deux serruriers, un maçon, un technicien de surface entretiennent et réparent les infrastructures du zoo, mais confectionnent aussi sur place des équipements pour les animaux, des cages des fauves au terrarium pour les serpents et les grenouilles. Dernier gros chantier en date pour son équipe : le réaménagement du labyrinthe du zoo. Autre mission : la gestion et la surveillance des deux forages qui servent à alimenter le parc en eau.

Réserve africaine ou parc à pied, Filipe arpente sans cesse les 240 ha du zoo au volant de sa camionnette, mais aussi à pied, au gré des appels crépitant dans son talkie-walkie. « J’ai déjà ramené un podomètre au travail et j’ai constaté que je faisais plus de 15 km par jour : ça fait des grosses journées », sourit Filipe. Avec son équipe, il doit aussi parfois intervenir suite aux actes de vandalisme de certains visiteurs. « Malheureusement, il arrive que des visiteurs jettent des pierres sur les vitres des cages des animaux. Un jour, j’ai même surpris un visiteur au péage de la réserve africaine en train de dérober une cuvette de toilettes ! »

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Responsable technique du zoo de Thoiry depuis quinze ans, Filipe Martins s’assure en coulisses du bon fonctionnement quotidien du parc.
Source : Le Parisien.
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Re: Les métiers du zoo de Thoiry

Messagepar Philippe » Vendredi 29 Avril 2016 4:22

Thoiry : Roseline pouponne les mygales, les tortues et les fourmis

Roseline Chambaud dirige une crèche où s’ébattent une soixantaine d’espèces de petits animaux. C’est la chef animalier de « L’Arche des petites bêtes », une partie du zoo de Thoiry dédiée aux animaux de petite taille comme les insectes, les batraciens ou les mollusques.

Tous les pensionnaires vivent ici sous abri, à des températures et une hygrométrie bien souvent tropicales. « Ces constantes doivent être respectées de façon extrêmement précise, dit Roseline. On peut perdre une espèce à cause d’un problème de chauffage. »

Elle en dort mal, parfois. Sensibilise ses soigneurs, toujours. Et n’hésite pas à bidouiller pour régler les problèmes techniques qui se présentent au quotidien.

Le reste du temps, cette responsable de 42 ans, à Thoiry depuis dix-sept ans et payée 1.900 € nets, surveille la bonne santé de ses petites bêtes. La mygale du Mexique qu’elle n’hésite pas à manipuler malgré sa morsure douloureuse, le scorpion, pas franchement docile, les méduses, nourries au plancton ou les fourmis qui raffolent des feuilles de troènes et de rosiers… Evidemment, il est difficile de communiquer avec une méduse ou une grenouille. Quoique… « On peut s’attacher à un caméléon », assure Roseline qui a également en charge la surveillance du python de 90 kg - « on fait attention quand on l’approche » - et des varans de Komodo à la morsure empoisonnée.

Son cadre de travail ressemble à une vaste animalerie où se succèdent les terrariums. Pour la photo, elle propose de poser avec une grenouille-pousse qu’elle prend avec délicatesse. Puis tente la tortue charbonnière qui séduit les enfants… On évite les redoutables dendrobates, dont la peau de certaines espèces sécrète un poison mortel. « En captivité, cette fonction est mise en sommeil », rassure-t-elle. Les petites bêtes : phasmes, grillons, fourmis… se succèdent et se font oublier parfois. « Il m’est déjà arrivé de me balader avec un phasme sur l’épaule sans le savoir. Ou de ramener des fourmis à la maison. On s’en rend compte quand elles vous mordent ! »

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A la tête de l’arche des petites bêtes, la chef animalière dirige une équipe de sept personnes et une armée de milliers d’insectes, d’arachnides, de batraciens et de reptiles.

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Roseline a pris délicatement une grenouille-pousse.
Source : Le Parisien.
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Re: Les métiers du zoo de Thoiry

Messagepar Philippe » Samedi 30 Avril 2016 5:47

Thoiry : Sébastien aux petits soins pour la flore du zoo

« Le comte de la Panouse a créé le zoo de Thoiry en 1968 pour sauver le domaine du château et sa forêt botanique, qui est véritablement l’âme du site. ». Sébastien Deubel aime à le rappeler : à Thoiry, il n’y a pas que la faune sauvage qui vaut le détour mais aussi la flore.

Depuis neuf ans, il est le chef jardinier du parc animalier et s’occupe de l’entretien des espaces verts du parc avec son équipe de six jardiniers, mais aussi de sa forêt et de ses jardins botaniques.

Taille des fleurs, tonte de la pelouse : si l’équipe assure les tâches traditionnelles de jardiniers paysagistes, leur mission va bien au-delà. « Le parc s’étend sur 400 ha dont seuls 155 ha sont ouverts au public. Le domaine possède une forêt avec de nombreuses essences d’arbres rares, parmi lesquels des rhododendrons qui ont jusqu’à 350 ans mais aussi des cèdres et des séquoias monumentaux. Nous veillons sur ce patrimoine et nous faisons également de la sylviculture avec d’autres espèces. »

Des ressources qui servent à Sébastien et son équipe pour réparer et aménager les équipements du parc. Un frêne qui dépérissait a ainsi été transformé en bancs et des châtaigniers ont servi à confectionner les poteaux de la palissade du nouveau labyrinthe. « Nous nous efforçons de recréer des environnements naturels pour les animaux en utilisant les ressources du parc en circuit court. Nous sommes ainsi en train d’aménager un nouvel enclos pour les pandas roux avec une accrobranche. »

Les branches, les troncs, les souches, tout est réutilisé pour l’aménagement du parc mais aussi pour nourrir les animaux. « Les feuilles des arbres peuvent servir à nourrir les éléphants et nous utilisons par exemple des copeaux de bois d’arbres morts pour régénérer les sols de la réserve africaine qui sont en surpâturage. »
Sébastien et son équipe donnent aussi des conseils aux soigneurs sur la toxicologie de certaines plantes avec lesquels ils souhaitent nourrir les animaux du zoo. Des animaux sauvages au milieu desquels ils sont parfois obligés de travailler. « Cela peut être impressionnant de tailler un arbre à quelques mètres des ours ou des loups mais nous avons des protocoles de sécurité bien établis avec les soigneurs. Nous avons l’expérience il n’y a aucun danger », assure Sébastien Deubel.

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Sébastien Deubel est le chef jardinier et le responsable des espaces verts du parc animalier de Thoiry depuis 2007.
Source : Le Parisien.
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Re: Les métiers du zoo de Thoiry

Messagepar NathanGil » Samedi 30 Avril 2016 10:33

Encore merci Philippe, ces articles sont tous très intéressants :)
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