Mélanie Poux est dresseuse professionnelle. Dans son gîte de Cussay (Indre-et-Loire, elle élève N’Gou, un magnifique lion, qui suscite la curiosité des vacanciers.
Il fait comme votre chat, se laisse rouler sur le dos pour se faire caresser. A la différence près que si votre chat, imprévisible, vous donne un coup de griffe, la douleur ne sera pas la même. Le coup de patte de N'Gou est autrement plus puissant.
N'Gou (« la force » en swahili) est un beau jeune lion de 2 ans et demi. Il a tout l'air d'un paisible félin quand sa maîtresse vient le caresser. Mais elle connaît la puissance animale qu'il contient en lui. Même si c'est un lion élevé « à la main », nourri au biberon, même si la complicité est évidente entre eux deux, Mélanie a toujours à l'esprit qu'elle joue avec un fauve apprivoisé.
N'Gou a une façon fascinante de vous soutenir le regard tout en se déplaçant. « Il est très cool. Il n'y a qu'à l'heure du repas, quand on lui donne à manger, qu'il pourrait tuer. A ce moment-là, on le laisse tranquille, on ne le dérange pas », dit Mélanie, juste à ses côtés.
Un métier appris au feeling, à l'écoute des animaux
A la différence des soigneurs de zoo qui apportent la viande aux fauves, et donc sont aussi identifiés par les félins par rapport à cet instant, Mélanie a aménagé un système de trappes pour que le lion ne voie pas qui le nourrit et ne fasse pas d'associations.
Mélanie Poux est dresseuse d'animaux pour le cinéma, la télévision, la publicité ou pour des événementiels. Dresseuse et pas dompteuse. « La différence, c'est la même qu'entre un auteur et un interprète. Je dresse les animaux, le dompteur les présente dans un numéro », explique-t-elle. Elle a fait travailler N'Gou une seule fois, pour une publicité tournée dans un restaurant parisien, où il devait se tenir devant un morceau de viande. Elle en a été malade. N'Gou, à force de tourner dans sa cage, s'en était abîmé la tête. Elle n'a pas supporté.
Depuis, N'Gou vit tranquillement dans une cage, immense, dans le jardin de la maison familiale, à Cussay. Une partie de la cage communique avec une dépendance de la maison pour se mettre à l'abri. Le lion a vue sur le voisinage, et vice-versa. « C'est important que les voisins puissent le voir, je ne cache rien », dit Mélanie. L'activité autour de sa cage attire l'attention du félin, tout comme les visites des touristes hébergés dans le gîte de Mélanie, quand il ne dort pas ses vingt heures par jour.
Mélanie passe trois heures de son temps à jouer avec N'Gou et à le solliciter. Depuis l'âge de 16 ans, elle travaille auprès d'animaux plutôt atypiques. « J'ai commencé avec un BEPA élevage canin. J'ai travaillé auprès de loups et de pumas, chez Jean-Philippe Varin, en Sologne (NDLR : dresseur avec qui Jean-Jacques Annaud a travaillé pour le film « L'Ours »). On avait un studio de 800 m2 avec piscine, 500 animaux sauvages, des ours, des renards… mais de pas chiens. Je n'avais pas de passion particulière pour cela, et c'est bien, en fait, de ne pas être passionnée par ces animaux. »
Elle a appris son métier au feeling, à l'écoute des animaux, les dressant après avoir jugé leur capacité, sans les forcer.
Hormis N'Gou et son chien Zig, elle ne possède aucun animal chez elle. Quand elle est sollicitée pour un dressage, elle déniche dans les petites annonces et par son réseau professionnel l'animal en question. « J'ai dressé un husky qui était sur leboncoin. Quand j'appelle le propriétaire, il est surpris, mais au final, il accepte », dit-elle.
" Le soir, il est enfermé dans son box, car la nuit, il a tendance à rugir "
Selon Mélanie Poux, le voisinage semble s'être habitué à la présence de ce félin pas comme les autres. En pleine campagne, dans cette commune de Cussay, entre Ligueil et Descartes, N'Gou rugit le matin et le soir, et « à chaque fois que le voisin passe à moto ». Cela change du chant du coq et des aboiements des chiens.
La captivité, mais pas n'importe comment
Installée à son compte, Mélanie Poux défend la condition de captivité des animaux. « Avec l'âge, je vois leur captivité autrement, comme un moyen de sauvegarder les espèces, car l'homme détruit tout. Même l'Afrique est devenue un zoo naturel. Mon idée est de garder des animaux en captivité pour les réintroduire, un jour, si besoin, dans la nature. »
Elle se dit horrifiée par le traitement infligé pour des animaux dans des cirques, sur des tournages. « Un lion, ça ne coûte rien, moins cher qu'un chien. Que deviennent tous ces animaux quand ils vieillissent, après le cirque. Ils finissent euthanasiés. » Elle cite aussi le cas de Marineland, avec « des otaries et des orques, dans des bassins d'eau chlorée. On est obligé de leur soigner la peau, ce n'est pas normal ».
Source :
La Nouvelle République du Centre-Ouest.
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