Timor, le doyen des tigres de Sumatra, qui fêtera ses 22 ans en septembre, a ouvert grand la mâchoire en lâchant un cri rauque qui a retenti dans tout le Parc des Félins de Nesles. Visiblement surpris par l’heure matinale des premiers touristes, le nez collé à leur appareil photo, ce tigre à l’âge plus que respectable n’a pas toutefois fait cas de cette masse de visiteurs venus découvrir les joies du Parc dès 6 h du matin : « Nous avons déjà fait, en juillet, une matinale qui a suscité un large succès » commente Sébastien, l’un des responsables d’animation qui a remis sa casquette, sa parka et ses chaussures de marche en ce samedi 15 août. La passion semble bel et bien vissée au corps de ce solide employé qui voue un intérêt grandissant à sa fonction : « On va fêter nos 10 ans l’an prochain et on continue d’avancer, de progresser en s’améliorant pour le bien des animaux. »
300.000 visiteurs par an
La philosophie du directeur Patrick Jardin n’a pas changé d’un poil. Seul le pelage de certains animaux a donné des couleurs nouvelles à ce parc animalier qui accueille plus de 300 000 visiteurs à l’année : « Nous sommes dans les cinq premières destinations du pôle touristique du 77 et continuons d’axer nos efforts sur la qualité de nos installations mais aussi l’accueil. Chaque visiteur est accueilli comme il se doit et nous sommes là pour les aider, les conseiller. On aime bien causer, échanger en étant en permanence sur le terrain. »
Vive l’eau !
Ce samedi 15 août, il fallait toutefois être équipé d’un parapluie et de chaussures étanches dans ce déluge tombé dans la nuit et prolongé aux premières heures de l’aube, ce qui n’a pas eu l’air de chagriner le moins du monde Sébastien, stoïque comme un lord anglais sous le crachin londonien : « L’eau est source de vie. Ce n’est pas un mauvais temps pour observer et la pluie n’est pas forcément un temps pourri. C’est même super pour les animaux qui, en bougeant très tôt, ont permis à tous de profiter de ces heures optimales pour l’observation. »
Dans cet immense espace de plusieurs hectares où les enclos permettent vraiment aux bêtes de vivre en bougeant, la balade a été plus qu’intéressante dans cet endroit magique pour les amoureux des fauves. A l’image de son directeur, on ne fait pas les choses de manière systématique dans ce parc qui sent bon la passion et le respect des animaux. La preuve, on a même déposé sous forme anonyme il y a cinq mois des petits lions abandonnés sur le pas de la porte. Pour l’instant, avec une prudence de mise, les lionceaux sont en quarantaine et vont bientôt pouvoir gambader dans les lieux.
« Les malins arrivent le matin »
Pouvoir cumuler le réveil de la nature et celui des grands fauves est toutefois une excellente idée pour les amoureux de ce bestiaire enchanté et pour les nombreux photographes qui déambulent avec des appareils à rendre jaloux les fanatiques du bouton pressé sur Roland Garros : « Pour beaucoup, c’est une passion dévorante et on vient presque chaque jour à toutes les saisons. Avec mon 500 mm je me promène sans cesse dans les allées de ce parc qui est presque devenu ma résidence secondaire » soulignait, avec l’index frétillant, Robert, poussant une valise que n’aurait pas reniée un top modèle enchaînant 3 défilés. « Les malins arrivent le matin », argumente Françoise, interrogative sur les objectifs à sortir en ce temps de déluge.
Un « Jardin » philosophe
Le géant Sébastien, qui répond à toutes les sollicitations du public, revient avec humour sur cette initiative fort matinale : « Ici, ce sont les animaux qui priment et comme ils ne partent pas en vacances je pense que ce lever un peu particulier a été une vraie source d’intérêt ». Pas facile à vérifier mais sur les retours du public, on frise les 100 % de taux de satisfaction. Nesles possède maintenant ses fidèles, un peu comme à Lourdes ou au Parc des Princes pour applaudir les stars du ballon rond. On a même procédé à des transferts comme Simbad jeune mâle panthère de Perse, parti à Sotchi découvrir le milieu naturel. Côté arrivées, notons les lionceaux blancs de Kruger et Niagara le premier jeune lynx du Canada né au Parc : « On n’expose pas les animaux, on invite nos visiteurs à entrer dans leur monde », résume parfaitement le philosophe Patrick Jardin. Un nom prédestiné quand on côtoie ainsi l’extraordinaire.
Source :
La Marne.
