Plus de 8.000 perruches à colliers recensées en Belgique

Plus de 8.000 perruches à colliers recensées en Belgique

Messagepar Philippe » Lundi 27 Juillet 2015 19:11

Le week-end dernier, les bénévoles de Natagora et Natuurpunt ont recensé les perruches à collier partout en Belgique. D’après les premiers résultats, plus de 8.000 individus vivent dans notre pays.

La capitale est le repaire favori de ces oiseaux en Belgique puisque pas moins de 6.680 d’entre eux y ont été recensés. Un groupe d’arbres situé à proximité de la rue de Neck dans le parc de Koekelberg a regroupé à lui tout seul 4.230 perruches au cours de la nuit dernière.

Une espèce invasive

L’augmentation du nombre de perruches à collier est cependant une mauvaise nouvelle pour les sittelles. Les sites de nidification de ces oiseaux indigènes sont occupés par les perruches.

Ces oiseaux tropicaux, en provenance d’Afrique et d’Asie du Sud, se sont notamment propagés lors du lâcher d’une quarantaine d’entre eux par le zoo Meli au Heysel en 1973-74. Depuis lors, leur population a essaimé et conquis de nouveaux territoires dans la capitale.

En Wallonie, c’est à La Louvière que le nombre de perruches à collier est le plus élevé, avec 729 oiseaux.

Ces chiffres demeurent néanmoins largement inférieurs par rapport au nombre réel d’oiseaux. Les principaux repaires n’ont en effet pas encore été localisés dans plusieurs villes, comme Gand, Courtrai et Malines.
Source : Le Soir.
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Re: Plus de 8.000 perruches à colliers recensées en Belgique

Messagepar Wilfried » Mardi 28 Juillet 2015 9:31

On voir refleurir les bon vieux fantasmes liés aux espèces férales qui ont le malheur de s'adapter...c'est clair que j'imagine bien volontiers une psittacula krameri en rase campagne en plein hiver, sachant qu'à partir de - 5°C, ses doigts gèlent la nuit lorsqu'elle se perche, et qu'elle perd des phalanges...quant à trouver de la bouffe dans les mornes plaines à betterave sucrière, et sans aucune haie, bon courage.

J'en ai élevé pendant 15 ans, je connais donc assez l'oiseau. Si elle ne pouvait bénéficier de la chaleur des villes et des points de nourrissages artificiels en hiver, on n'en parlerait pas aujourd'hui. Quant aux quelques sittelles torchepot incommodées, au vu du volume des cavités qu'elle recherchent (et dont elle "bétonnent" littéralement l'entrée à leurs dimensions), perso, je pensais (beaucoup) plus à la concurrence avec des espèces occupant des cavité de mêmes dimensions, tels que certains pigeons ou les choucas des tours, mais c'est moins mignon qu'une sitelle, un choucas, on compatit moins...

On a eu en France l'exemple récent de l'ibis sacré. Avant, dans la belle famille des threskiornithidés, on avait que le Falcinelle comme nicheur sporadique en France (bel oiseau du reste). Puis il y au eu Branféré, quelques "évasions", et des sacrés (qui n'existent plus en Egypte que sur les murs de certains monuments) qui se sont installés et ont prospéré dans une niche écologique vacante....

Quelques écolos ayant pour conviction intime que les écosystèmes sont figés par....nature, ont observé des cas de prédations sur des poussins guiffettes ! Horreur !!! Vite vite, hâtons nous d'exterminer l’envahisseur pendant qu'il est encore temps !! Les soldats zélés de l'ONCFS se sont chargés du reste, fusil à l'épaule et œil dans le viseur...et coup de feu après coup de feu, quelques milliers d'oiseaux "proprement" exécutés plus tard, ouf de soulagement, les satanés bestiaux, pas loin d'être sataniques de s'être invités là où on ne les attendait pas, ont chèrement payé leur audace, pour ne pas dire leur outrance...

Fin de l'histoire? Et bé non, voilà que d'autres écolos font des études scientifiques, publiées en mai 2013, qui racontent une autre histoire :

"Et si la politique d'élimination de l'ibis sacré, espèce invasive était une idiotie ? L'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), en charge de cette éradication demandée par la commission faune du Conseil national de protection de la nature (CNPN), se fait discret sur le sujet. Une étude très complète de l'ornithologue Loïc Marion, publiée en mai 2013 (1), indique qu'« aucune espèce d’oiseaux n’aurait ainsi finalement été menacée par la présence des ibis, [et qu'] au contraire, la présence des Ibis sacrés aurait même un effet positif pour la spatule blanche qui forme volontiers des colonies mixtes avec eux. Les tirs organisés des ibis auraient ainsi perturbé la nidification des spatules » résumait début juillet l'excellent site ornithomedia. com.
Dans Le Journal de l'environnement du 26 juillet 2013, la journaliste Marine Jobert, revient sur cette étude qui montre le rôle extrêmement positif de l'ibis sur une autre espèce invasive l'écrevisse de Louisiane qui, elle, à des effets désastreux avérés. L'ibis sacré aurait donc été accusé à tort d'exercer une prédation dévastatrice sur les œufs et les oisillons de l’avifaune. Loïc Marion « invite à se tourner vers d’autres oiseaux ou vers les renards pour trouver les coupables de ces destructions » souligne Marine Jobert.

1. http://www.sciencedirect.com/science/ar ... 9113000929

http://www.oncfs.gouv.fr/IMG/pdf/rappor ... ogenes.pdf"


Bien sûr, tout cela avait déjà été exprimé en 2005/2006, à l'époque où du côté de l'Etat, on calculait le nombre de cartouche et d'heures de travail que cela allait représenter...

Donc la conclusion :

1- les espèces dites "invasives" demeurent l'une des causes majeures d'érosion de la biodiversité. La preuve ? Homo sapiens....(excusez je n'arrive pas écrire "sapiens sapiens", je trouve que cela fait deux fois de trop).
2-l'écologie étant une science infiniment complexe, il faut bien distinguer les écosystèmes continentaux et insulaires, sachant que ce sont d'abord et surtout les seconds qui ont été concernés par le point N°1.
3-n'en déplaise aux ayatollahs de l'écologie sous cloche, les écosystème ne sont jamais figés, et évoluent, s'adaptent en permanence. Peu importe que facteur de dissémination soit un cyclone, ou l'homme.
4- il est toujours sain, avant de faire parler la poudre et de tuer, de réfléchir et de se poser les bonnes questions, quitte à faire preuve de courage et de ne pas céder aux vieux fantasmes qui nous animent tous, et que l'on transfère si facilement et naturellement sur l'animal sauvage. L'exemple du loup, et encore plus du vautour fauve ("une femme attaquée par 40 vautours") sont à cet égard assez emblématiques, ou comment la presse, de qualité, se fait immédiatement écho de l'expression de nos peurs viscérales.

Pour conclure sur les perruches, je leur souhaite une longue vie en ville, à se chamailler avec les pigeons, moineaux, pies et autres goélands citadins. Je leur souhaite un avenir meilleur que la seule perruche de l'hémisphère nord éradiquée par les américains par ce qu'elle trouvait les bourgeons de leurs pommiers à leur goût, la perruche de la caroline (Conuropsis carolinensis), qui n'a jamais été remplacée...une niche vide de plus.

Nota : Pour les "puristes" : contrairement à certains auteurs, je ne considère pas la magnifique conure à gros bec (Rhynchopsitta pachyrhyncha) comme vivant dans l’hémisphère nord, pour la simple et bonne raison qu'elle aussi a été exterminée des Etats-Unis (les réintroductions tentées dans les années 80 ayant été de cuisants échecs) et ne vit plus à l'état relictuel qu'au Mexique.
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