Féerique, grandiose, lumière superbe ! Les mots manquent quand le traîneau glisse au pas lent du cheval à la découverte du plus grand mammifère d'Europe : le bison bonasus. Cet animal rescapé des temps préhistoriques est un spécimen rare, qui a failli disparaître, et seuls quelques animaux ont pu être sauvegardés en Europe Centrale et, ici, dans la réserve de Sainte-Eulalie où l'animal a retrouvé ses racines sur ce grand massif granitique de Margeride aux beautés insoupçonnées.
Comme au pays de Lara, le traîneau glisse dans la neige et ses silences sous les arbres festoyés de givre, où la faune parfois se découvre, et, là, au détour de la piste, c'est la rencontre très proche avec quelques-uns des 35 bisons d'Europe en semi-liberté. Ce dernier est le maître des lieux, majestueux et sauvage, indifférent et ravi de cette météo qui lui convient à merveille. Bref, c'est l'animal mythique venu du fond des âges.
Un sanctuaire pour la sauvegarde de l'espèce
Sorti du bois, parfois couvert de givre, c'est un instant respectueux entre le cheval et le bison et, à son approche, le visiteur découvre vis-à-vis de ce dernier la prudence et le respect. Issus des forêts de Bialowieza, en Pologne, cette réserve en Margeride, seule en Europe, est un sanctuaire pour sa sauvegarde.
La guide stoppe l'attelage et, en experte passionnée, explique : "Le but de la réserve est la protection de cet animal en voie de disparition." Clara ou Sandrine déroulent… Pour le visiteur, c'est une tranche d'histoire qui défile sur le bison bonasus issu du mésolithique et du néolithique (- 8 500 à - 2 000 ans), rescapé des temps préhistoriques, qui a vécu dans les massifs forestiers européens jusqu'à la fin du Moyen-Âge. Et c'est ici, en pleine Margeride, près de Sainte-Eulalie, que cet animal est de retour depuis le 2 juin 1991. Une longue histoire et bien d'autres, qui vont de la préhistoire à nos jours et qui seront contées dans l'espace muséographique.
En traîneau sur la neige
Les conditions climatiques exceptionnelles, avec l'enneigement de Noël, permettent la balade en traîneau avec un guide qui, durant 45 minutes, donnera bon nombre d'explications quant à la vie et aux mœurs du bison. Au final, on découvrira deux bisons d'Amérique, pour comparaison avec son homologue, et un troupeau de vaches écossaises rustiques. Les bisons d'Europe sont une découverte dans le cadre sauvage et préservé de la Margeride mais aussi une aventure passionnante qui transporte dans l'histoire de nos origines.
La réserve en quelques dates
Début de la réserve des bisons d’Europe en 1991, portée par le Syndicat mixte intercommunal des monts de la Margeride (SMIMM) avec le concours du Département, de la Région et des communes nord de la Margeride. Les vaches écossaises ont été réceptionnées en 1994.
Le 1er juillet 2001, suite à des difficultés rencontrées, le SMIMM vient confier la réserve à un prestataire Alain Gstalter, docteur vétérinaire et gestionnaire de la réserve avec Jean-Baptiste Portal, pour dix ans, suite à une délégation de service public.
C’est en septembre 2002 qu’arrive l’American bison qui, lui, est un animal commun en Amérique et au Canada où paissent de grands troupeaux. Ces animaux proviennent du troupeau de l’Inra de Clermont-Theix où cet institut scientifique élève une quarantaine de bisons d’Amérique. Une femelle de 7 ans (500 kg) et deux jeunes (un mâle et une femelle nés en mai l’an dernier, 300 kg chacun) ont donc pris possession du parc qui, en 1985, avait accueilli Postum et ses huit congénères issues de la forêt de Bialowieza (Pologne).
"Notre objectif est de pouvoir montrer au public le bison d’Amérique pour pouvoir comparer sa morphologie avec celui d’Europe, puisque notre souci pédagogique vis-à-vis des visiteurs est d’expliquer le bison d’Europe et le faire de visu est plus éloquent", déclarait alors Alain Gstalter.
Le 30 juin 2011, le prestataire de service ayant achevé son contrat et ne voulant pas reprendre un nouvel engagement, le SMIMM, avec le concours de la Selo, reprend la gestion du parc des bisons d’Europe. Son président Jean-Paul Bonhomme, lors de la dernière assemblée générale de décembre, vient de signer un contrat qui confie la gestion du parc de bisons d’Europe à la Selo, à compter du 1er janvier 2015.
Source : Le Midi Libre.
