Asson 2015

[Therabu]

J'ai eu la joie de découvrir le weekend dernier le zoo d'Asson. Il s'agissait d'une visite groupée où nous sommes arrivés assez tard et avons beaucoup discuté avec le directeur de l'établissement. Nous avons d'ailleurs été très bien reçus grâce à quelques Very Important Visitors. Je n'ai donc pas pu prendre le temps de faire des photos comme lors d'une visite normale mais ce fut largement compensé par la rencontre très intéressante avec M. Lorca.

J'ai beaucoup apprécié l'atmosphère de ce petit parc. On en fait vite le tour, le manque de moyens semble évident et il y a quelques vieilles mochetés. Mais la végétalisation du site est splendide, l'aménagement souvent intelligent et fait avec goût et la collection très attractive. En effet, le parc se concentre sur des petites espèces rarissimes et souvent fragiles, ne suscitant pas l'intérêt de plus gros parcs. L'arrivée cette année de thylogales et d'écureuils tricolores uniques en collection publique en Europe en sont l'exemple même. Malheureusement, les grands happalémurs ont dû quitter la collection sur décision du programme d'élevage.

Asson ne vaut clairement pas un déplacement à lui tout seul en raison de sa taille. Mais si l'on passe dans le coin, il faut y faire un tour. Et le parc n'est pas loin du parc animalier des Pyrénées et se combine facilement. En plus des superbes espèces animales présentées, j'ai apprécié la qualité des aménagements (barrières, végétation) qui plus est obtenus avec des moyens internes limités. Comme quoi avec de bonnes idées, le bric et le broc peuvent donner de bons résultats sur des aménagements mineurs.

Nous avons eu la chance de visiter la future volière des gibbons. L'ossature est massive et l'espace sera considérablement agrandie. Alors ce n'est pas une île de la VDS mais les possibilités d'évolution de la famille de primates seront très importantes. La diversité et le nombre d'agrés proposés est intéressant, la végétation sera présente à l'intérieur et l'ossature permettra de décupler les voies de déplacement. Le confort des animaux a aussi été prévu dans la conception du bâtiment.

L'ambiance unique du parc...


...et la paradis des papouilleurs





Touraco à joues blanches


Loriquet de Swainson




Paon bleu


Panda roux


Kangourou roux


Wallaby bicolore


Mangouste brune






Les magnifiques céphalophes bleus


Sitatunga

La dernière nouveauté, "Nosy Be", une volière d'immersion thématisée avec des lemurs catta et des varis roux est également fort sympathique.

Maki catta


Zèbre de Grant


Capucin à épaules blanches

Pêle mêle, j'ai aussi apprécié l'espace australien, le complexe grues antigones et loutres cendrées, l'enclos des loups à crinières, les multiples enclos à céphalophes et celui des mangoustes. Si tous les zoos français pouvaient avoir le même esprit... Néanmoins, on ressent un certain manque d'ambitions dans la conception de plusieurs enclos. C'est dommage même si on connait les contraintes pesant sur un petit parc comme Asson.

[Philippe]

Merci pour ces clichés Therabu, .

[raphaël]

Pour quels enclos as tu ressenti un manque d'ambition ?
Tu as l'air en tout cas plutôt positif pour la nouvelle installation des gibbons c'est bon signe.
As tu vu les nouveaux p'tits marsupiaux ?

[Therabu]

Là où c'était criant, c'est l'enclos des petits pandas. Excellent mais le dimensionnement initial est bien insuffisant. Les enclos des fauves sont petits également.
Enfin la volière des gibbons pourrait être plus haute mais cela coûte évidemment plus cher. Cela peut aussi compliquer les interventions sur les animaux (hauteur de la chute potentielle lors des anesthésies par exemple).

Le manque d'ambition s'entend aussi dans les objectifs de fréquentation. On essaye de progresser mais on ne fera pas venir de lions pour faire venir plus de monde (même si quelques sacrifices tout à fait compréhensibles ont été faits).

[raphaël]

Sur la superficie je comprends ce que tu veux dire.
L'enclos des pandas roux aurait pu être plus grand en élargissant jusqu'à la clôture d'enceinte à droite. Cela dit, l'enclos reste correct. C'est un peu plus flagrant chez les servals je trouve, qui ont une petite superficie disponible.

Ce que j'aime bien à Asson, c'est qu'en plus d'avoir une collection intéressante, ils arrivent à faire des enclos "originaux", dans le sens où le style change d'ailleurs. L'enclos des petits pandas, peut être un peu étroit, a un certain charme qui diffère des enclos classiques pour cette espèce. Pareil pour le superbe espace des loutres d'Asie ou la prairie des loups à crinière : on est loin de l'enclos classique pour ces deux espèces.
Même l'espace des zèbres, dont on peut questionner la pertinence à Asson, a une vraie idée de conception originale.

Pour la question de l'anesthésie sur les gibbons, ma foi... Toute île avec un arbre a le même problème pour un primate.

Dans les objectifs de fréquentation, là je ne trouve pas ça gênant. Déjà que pour moi, le tigre blanc et les zèbres sont de trop, je trouve ça très bien que des zoos en France acceptent encore de voir un masterplan sans grand fauve, grand singe ou pachyderme.
Comme Spay, comme d'autres, Asson se trouve une autre voie. Je regrette que la fréquentation n'ai pas encouragé une telle prise de risque et entraine la venue du leucitique. Mais je pense qu'avec une bonne comm ou une bonne pub, ou une façon différente de vendre le produit, on peut très bien avoir une fréquentation correcte dans un parc qui compte onces, loups à crinières, pandas roux, lémuriens, wallabies et oiseaux, les trois derniers en enclos de contact. Asson ne vise peut être pas 300 000 entrées, mais ce parc mériterait d'arriver au moins à 70-80 000 visiteurs.
Je ne pense pas forcément qu'un petit parc n'ait comme seule recette du succès que de copier les grands en terme de collection, et je pense que le problème d'Asson est ailleurs. Le zoo a été vieux pendant des décennies, sans réelle mise en valeur, il est situé dans un coin peu accessible, mais Pau et ses 150 000 habitants sont à 20 minutes.
Je ne pense pas que ça soit une question d'espèces : après tout, à quelques battements d'aile de là, Argeles-Gazost se développe grandement grâce à son succès initial de colline aux marmottes et faune européenne.

[okapi]

Trop de zoo tue le zoo... Pour le grand public, un zoo par an, c'est bien. Et à tout prendre, autant aller dans un "vrai" zoo: donc entre des lions, des éléphants et des otaries qui font du ballon et des castors, des jaguarondis et des kinkajous, je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup d'hésitation... La fragilité des petits parcs, elle est là. Ils plafonnent à quelques dizaines de milliers de visiteurs parce qu'ils ne correspondent à rien sur la carte binaire des appréciations spectaculaires du public. Le zoo est fondé sur des principes de base très précis et très ancrés dans l'imaginaire collectif et rien ne fait vraiment bouger les lignes. Pas de lion, pas d'éléphant, pas de girafe: bof, c'est pas vraiment un zoo! Le succès des parcs spécialisés est à l'intersection des blockbusters et des miniatures: singes, fauves, crocodiles, oiseaux, le champ d'action et de visite est très clair: on sait ce que l'on va y voir, le menu est affiché. Pour les petits parcs, la visite est plus hasardeuse et opportuniste: regardez les commentaires de visite, ils rendent surtout compte de la surprise de la découverte, mais ils stigmatisent aussi la petitesse du zoo et, au-delà de l'appréciation, restent un peu sur leur faim... Le zoo a fonctionné comme un produit d'appel, un clignotant mémoriel lié à l'enfance et a déclenché l'envie de visite, sans forcément connaître le plan de collection alors que dans le cas de Beauval ou la Palmyre, les foules se pressent parce qu'elles savent qu'il y aura des gorilles, des éléphants, des flamants roses et... des pandas!
La communication est importante, certes, mais les petits parcs n'ont pas les moyens d'en faire et face aux poids lourds du secteur...
On ne va pas refaire le monde encore une fois, mais justifier le plafond d'une volière comme une surface supplémentaire de brachiation pour les gibbons, ma foi...

[raphaël]

Là je suis persuadé du contraire...

Enfin tout dépend ce que l'on considère comme un "succès", faut-il forcément faire un million de visiteurs et être internationalement connu pour estimer avoir du succès ?

Tout est une question d'échelles. Bien entendu, les grands parcs, ceux qui drainent le plus de public et ont des campagnes de pubs énormes sont tous des grands zoos avec beaucoup d'espèces et de grands animaux. Ils attirent les foules à coups de gorilles, lions, tigres, pandas, girafes, otaries. Oui c'est clair, si l'on vise ce genre de succès, il faut les animaux les plus connus du public.
Mais ce sont des zoos où les visiteurs programment souvent leur venue, comme pour un grand parc d'attractions, on réserve même des gites, on se déplace, c'est toute une organisation.

Je suis convaincu qu'un parc peut très bien s'en sortir à plus petit niveau. Les gens ne connaissent quasiment pas les noms des animaux. Je suis sûr qu'une campagne de comm à base de loriquets, lémuriens, wallabies, loutres, chiens de prairie ou ocelot peut tout aussi bien fonctionner si c'est bien fait : le public y verra des "singes", des "oiseaux" et des animaux mignons. Il y a des preuves : dans la région bordelaise, la ferme exotique de Cadaujac avec ses lamas, dromadaires, ratons laveurs et autres espèces semi domestiques attire beaucoup de monde, avec sûrement beaucoup moins de personnel et de frais que le zoo de Pessac. On peut aussi parler des parcs à magots façon montagne des singes : une seule espèce, plus de 100 000 visiteurs !
Alors quand on n'a pas forcément les gros blockbusters des zoos, on peut se débrouiller de plein d'autres manières.

[okapi]

Raphaël, si tu n'as pas une croissance régulière, tu végètes, tu régresses et tu meurs. Pour développer un zoo, il faut des moyens et il ne s'agit pas de remplacer les loutres par des hippopotames, mais d'augmenter le potentiel de visite, d'améliorer sans cesse l'existant et d'accueillir de nouvelles espèces pour continuer de donner du sens à la collection et créer un soupçon d'intérêt au moins pour le public captif et régulier. Bâtir une communication sur des loris, des ouistitis et des makis en se vendant comme "zoo", c'est un poil illusoire... Les marmottes attirent un nombre conséquent de visiteurs, mais personne n'espère y trouver autre chose que... des marmottes! Le deal est transparent et ce que les gens viennent chercher n'a rien à voir avec une visite au zoo.

[okapi]

A ce titre d'ailleurs, si Asson avait conçu une présentation de gibbons dans un fragment de forêt, avec une déambulation protégée, un principe plus immersif et un dispositif pédagogique autour de l'espèce et de son interaction fatale avec la déforestation, je crois qu'il avait quelque chose à inventer en matière de communication, d'installation exceptionnelle, de créer cette fascination pour l'observation de l'animal à la cime des arbres, de le voir "voler" et vivre sa vie de singe arboricole sans grilles ni plafond... En lieu et place, c'est une cage de plus et rien de bien excitant à "vendre" en matière d'imaginaire... Question de moyens sans doute... et de fréquentation...

[Philippe]

Raphaël, si tu n'as pas une croissance régulière, tu végètes, tu régresses et tu meurs.

Quelle croissance ? Tout est la question ! Devenir toujours plus "gros" ou faire mieux pour conserver un nombre de visiteurs permettant la bonne santé financière de l'établissement et l'amélioration des structures ?

[didier]

Au Cerza, 2 couples de gibbons sont présentés dans un enclos électrifié, ils ont accès à des arbres, c'est tout de même bien plus agréable de les observer dans ces conditions que dans cette volière d'Asson, à peine plus grande que celle de Clères ou de La Bourbansais. Pourquoi ce type de présentation, moins contraignant que des îles, n'est pas plus souvent retenu ?

[didier]

C'est la clôture qui est électrifiée, désolé il fait très chaud, mon cerveau ne fonctionne qu'à 25% de ses capacités.

[okapi]

Philippe, tu poses la question et tu y réponds parfaitement dans la foulée: il ne s'agit pas de grossir, mais de devenir de plus en plus attractif en se tenant à ses règles de départ. C'est pour cela que la volière des gibbons est ratée: elle ne signe pas une évolution du parc puisqu'il est évident que c'est une mauvaise réponse aux besoins de l'espèce et de ceux du public. Même si c'est confus pour beaucoup de visiteurs, une cage est une prison et sans le formuler plus que ça, beaucoup préfèrent voir des animaux à l'air libre, surtout les singes, plutôt qu'enfermés. La croissance du parc, c'est ça: privilégier l'innovation des présentations pour affirmer son identité. Je ne crois pas que les clôtures type Cerza soient plus compliquées à installer qu'une volière fermée...

[Philippe]

Dans mes souvenirs, la volière de La Bourbansais est bien moins haute que celle d'Asson. Idem pour le bâtiment...

[Philippe]

Elle signe tout de même une évolution au regard des anciennes volières du parc, .
Après, si un fragment de forêt s'avère sans doute la meilleure réponse possible, certaines volières valent sans doute mieux que bien des enclos "extérieurs" donnant l'illusion de la liberté. A tout prendre, je préfère par exemple la volière des gibbons du zoo de Sarrebruck à bien des îles. C'est sans doute assez moche mais en matière de possibilité d'évolution pour les premiers intéressés...
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