La Société des Amis du Zoo de l'Orangerie est fondée en 1929 avec pour objectif la création et le développement d'un grand parc zoologique strasbourgeois. La Ville lui confie l'embellissement du petit Zoo de l'Orangerie tandis qu'elle garde à sa charge la totalité des frais d'entretien. Bientôt, la Société des Amis du Zoo de l'Orangerie s'unit à une Société des Amis de l'Aquarium (www.aquarium32.com), créée en 1933, et de grands projets sont discutés, dont la création d'un aquarium digne de ce nom. Cette période du milieu des années 1930 sera faste, mais de courte durée ! La Seconde Guerre mondiale entraîne, en effet, l'arrêt du développement de tous ces projets, l'Alsace étant à nouveau à la frontière des conflits puis annexée par l'Allemagne dès 1940. A cette date, la quasi-totalité des animaux sont évacués vers le Parc Zoologique de Paris, à Vincennes, et la plupart des archives sont détruites.
A la sortie de la guerre, la Ville de Strasbourg confie la gestion complète du petit zoo à la Société des Amis du Zoo de l'Orangerie et accorde, à partir de 1949, une subvention annuelle pour couvrir les frais de gestion et d'entretien. L'association se lance avec entrain dans la reconstruction et le redéveloppement du petit zoo, mais les débuts sont difficiles. La France et ses animaux de Marguerite Jouve et Pauline Osusky, publié en 1961, n'en fait guère l'apologie, bien au contraire. Un vaste projet de déménagement à l'extérieur de la Ville de Strasbourg est d'ailleurs longuement discuté au début des années 1960, retardant encore les investissements nécessaires.
La cigogne blanche (Ciconia ciconia) est un animal emblématique de l'Alsace. Au milieu du XXe siècle, sa population est pourtant sur le déclin et il ne reste plus que 9 nids occupés dans la région en 1974. Dès le début des années 1970, Lucien Gangloff, vétérinaire bénévole de la Société des Amis du Zoo de l'Orangerie, et quelques autres membres s'investissent dans la conservation de cet échassier. A cette époque, c'est surtout lors de leur migration annuelle que les cigognes rencontrent divers dangers. En prenant exemple sur l'expérience de Max Bloesch en Suisse, il est décidé de reproduire en captivité de jeunes cigogneaux, de les garder en volière pendant leurs trois premières années de vie, avant de les relâcher. Ayant perdu leur instinct de migration, ces animaux sédentarisés participent alors directement au repeuplement et au renforcement des populations sauvages locales. C'est ainsi que plus de 800 cigogneaux sont élevés au Zoo de l'Orangerie à Strasbourg et au domicile privé des Gangloff dans les années 1970 et 1980. En 1983, l'APRECIAL (Association pour la Protection et la Réintroduction des Cigognes en Alsace Lorraine) voit le jour à l'initiative du Conseil Général du Haut-Rhin. De nombreux enclos de reproduction et de repeuplement sont créés dans toute l'Alsace avec des cigognes nées à Strasbourg.
La période de 1988 à 1996 voit un développement important des structures animalières et un véritable essor du Zoo de l'Orangerie. Le président de la Société des Amis du Zoo de l'Orangerie, Georges Gilliot, adjoint au maire jusqu'en 1989, y participe activement. Ainsi, les corps de bâtiments principaux, dont la construction date probablement des années 1930, sont agrandis et adjoints d'enclos et de volières diverses. C'est aussi en 1990 que la Mini-Ferme de l'Orangerie est inaugurée. Son entrée est payante, ce qui permet de financer une partie de l'entretien du Zoo de l'Orangerie. De taille réduite, elle offre néanmoins la possibilité aux visiteurs d'approcher divers animaux domestiques. L'accès au Zoo de l'Orangerie est toujours resté, quant à lui, totalement gratuit et est complètement intégré à toute promenade dans le Parc de l'Orangerie. La Ville de Strasbourg continue de subventionner l'entretien du zoo, pour un montant qui atteint aujourd'hui plus de 250 000 € annuels. Les nombreuses cages et enclos ont été enrichis au courant des dernières années, mais les structures datent de la fin des années 1980 et du début des années 1990. Une rénovation complète, et surtout une réorganisation de la collection animale, sont aujourd'hui nécessaires. L'absence d'enceinte extérieure est également une problématique importante, à la fois sur le plan réglementaire, mais aussi dans la gestion quotidienne de l'établissement.
La collection animale inclut une majorité de petites espèces, dont quelques lémuriens, une espèce de tamarins, divers psittacidés et canards, un petit groupe de flamants, quelques grues, nandous et faisans. Un groupe de macaques de Tonkean, espèce assez peu courante en captivité en Europe et menacée dans son milieu naturel, vit ici depuis le milieu des années 1980 dans une vaste cage, d'apparence assez carcérale. Les enclos des ongulés sont actuellement occupés par un groupe de mouflons à manchettes et des chèvres de Crête. Les chamois, longtemps présentés dans l'enclos voisin, n'étaient plus présents lors de ma dernière visite en 2013. Il y a une dizaine d'années un des enclos des ongulés a été transformé et doté d'un filet pour accueillir le couple de lynx. Les cigognes blanches, qui vivent dans une grande volière, mais aussi leurs comparses sauvages qui utilisent les nombreux nids aménagés au sein du Parc de l'Orangerie, restent une attraction majeure. Une autre espèce emblématique de la région est représentée par plusieurs couples de grands tétras.
Un budget de 1 150 000 € pour la rénovation complète de la Mini-Ferme de l'Orangerie a été récemment approuvé par le Conseil Municipal de la Ville de Strasbourg en décembre 2012. L'ouverture au public est prévue pour l'automne 2014 et on ne peut qu'espérer que le Zoo de l'Orangerie bénéficiera rapidement d'une réorganisation globale, bien nécessaire.
En conclusion, ce petit parc zoologique appartient absolument au patrimoine culturel de la ville, mais une modernisation complète est aujourd'hui indispensable.